Carrière "Bagneux SNCF"

Carrière de Calcaire grossier - surface d'environ 200 hectares

 
Le Diaporama
carriere bagneux SNCF puits

Origine du nom :

Son nom vient du fait qu'elle est située à l'aplomb de terrains appartenant à la SNCF. Elle correspond au même réseau que "Bagneux cimetière", qui n'est qu'une autre entrée par plaque située prés d'un cimetière.

 

Organisation de la carrière de "Bagneux SNCF" :

Cette carrière est très étendue puisqu'elle possède autant, voir plus de galeries que le GRS. La carrière fut exploitée sur une très faible hauteur, ceci dans le souci de ne retirer de terre que le strict nécessaire. L'objectif étant de préserver des fontis les terrains situès au dessus (qui étaient souvent construit). Le résultat est donc un ensemble de petites galeries tortueuses particulièrement basses (entre 1m60 à 1,80m de hauteur). Les galeries sont donc basses, d'origines, et n'ont pas été remblayées. Cette carrière est équipée de quatre puits d'inspections (13m, 16m et 21m). A l'époque, la sortie des blocs se faisait par des puits d'extraction équipés de roues en bois. Dans le réseau on rencontre régulièrement ces puits qui sont comblés.

carriere bagneux SNCF
carriere bagneux SNCF
Souchevage, dans les carrières de Bagneux en 1890 (coll. IGC)
Un des Puits d'inspection qui est munie de paliers

 

Le réseau est exploité dans sa grande majorité par "hague et bourrage". La faible hauteur obligeait les carriers à extraire la pierre au pic. La plupart du temps, ils devaient donc travailler assis ou à genoux. Néanmoins, au niveau de vastes salles (principalement au nord et à l’est du réseau), on peut voir d’anciens ateliers de carriers avec de jolis fronts de taille. Dans ces zones, grâce à une hauteur suffisante, la lance était utilisée, comme en témoigne les trous des affûts des lances. Il existe un second niveau (à l’est du réseau) très bas. Plus on descend au sud du réseau, plus les galeries deviennent basses et étroites. La présence de nombreux fontis en empêche cependant l’exploration.

Certaines portions de galeries sont consolidées par des murs droits maçonnés sous les avenues principales. La construction de la gare de Chatillon-sous-Bagneux (nom qu’elle avait à l’époque) a amené la réalisation de très importants piliers de consolidation en carrières. Certains sont d’ailleurs visibles dans les galeries. Mais seule la lecture des planches IGC permet maintenant de réaliser l’importance de ces travaux. Le secteur sous l’emprise des voies de la ligne 13 du métro a été totalement injecté. Il y a, également, des galeries d'inspection de l'IGC qui relient entre elles les différentes zones d'exploitation des carriers.

carriere bagneux SNCF front taille
carriere bagneux SNCF puits
Puits d'accès au deuxième niveau équipé d'une échelle.
Front de taille avec des traces d'affûts de lance
 
Il existe, aussi, un abri de défense passive réalisé à la veille de la seconde guerre mondiale (bien qu'étant en grande partie sous la commune de Montrouge, il n'est accessible qu'à partir de Bagneux). Cet abri était destiné au personnel et aux voyageurs de la gare SNCF de Châtillon qui était alors un grand centre de transit. Il est constitué d'immenses galeries perpendiculaires (3m de haut en moyenne) traversant les 2 niveaux d'exploitation et renforcées par de massifs piliers en meulière. Il était équipé de tout le confort nécessaire à un court séjour sous terre (électricité, téléphone, bancs et tables...). On y accédait alors par une pente douce (injectée en 2002) qui était située dans le prolongement de l'escalier actuel. Trois puits à échelons servaient de sorties de secours. Un de ces puits était encore accessible à la fin des années 90 et aboutissait dans un cabanon situé dans la cour des bâtiments des PTT.

Suite à l'apparition de nombreux fontis, une grande partie de cet abri a dûêtre remblayé, . Sa surface actuelle n'est plus que le 5ème de ce qu'elle était alors. On trouve encore quelques traces des installations originelles (un beau panneau d'indication, les pitons sur lesquels étaient posés les câbles téléphoniques, quelques bancs et des cloisons munies d'aération).

carriere bagneux SNCF abri
carriere bagneux SNCF
Panneau indiquant aux personnes la répartition dans l'abri.
Cloisons avec système de ventilation. Des câbles électriques sont visibles.

 

carriere bagneux SNCF
Plan de l'abri de défense passive SNCF - La zone en bleu correspond à la partie non remblayée (cartographie de Big)
 
Remarque: Dans le secteur situé près des voies SNCF, de l'huile suinte sur les murs des galeries. Elle correspond à l'huile qui était utilisée pour les freins des locomotives jusqu'en 1970. Les trains étaient stockés au dessus de cette zone. La migration sur plus de 10m à travers le calcaire se fait lentement et continue toujours aujourd'hui. Le système de freinage des trains est à présent sous forme roulements à billes.
carriere bagneux SNCF
Traces d'huile sur les murs (photo Légionnaire)

 

 

Exploitation des carrières de Bagneux :

La plus grande partie de la commune de Bagneux est sous minée par d’anciennes carrières de calcaire grossier. Elles furent exploitées assez tardivement (entre le XVIIIe et 1930). La quasi-totalité de la masse calcaire intéressante a été extraite. Les étages moyens (bancs "franc" et "de roche") et inférieurs ("lambourdes", "banc royal" et "liais") du calcaire grossier ont été exploités entre 32m de profondeur (au nord ouest) et 17m (au nord est). La topographie de ces carrières est typique de la méthode par hagues et bourrages. Au fur et à mesure de leur avancée, les carriers ne laissaient que quelques galeries pour rejoindre un puits d'exploitation. Quand les distances à parcourir devenaient trop importantes, un nouveau puits était creusé. Ceci donne au réseau une configuration dite "en étoile" où les galeries rayonnent d'un puits d'extraction à l'autre.

carriere bagneux SNCF
carriere bagneux SNCF
Carriers posant dans les carrières de Bagneux en 1890 (coll. IGC)
Carriers débitant un bloc, dans les carrières de Bagneux en 1890 (coll. IGC)
 
Les pierres tirées de ces carrières étaient d’excellente qualité. Très dure, elles furent principalement utilisées pour la construction des fondations de bâtiments et pour la réalisation de colonnes porteuses. On les retrouve en grande partie dans les réalisations du Paris Haussmannien et pour la restauration de différents monuments. On peut citer : 

 

• Soubassements de l’Arc de Triomphe (1832), du Louvre
• Eglises de la Madeleine (1763), de St Vincent de Paul (1824) de St Philippe du Roule (1172), de St François Xavier (1861)
• Fûts des colonnes du Panthéon (1758)
• Ponts des invalides (1824), du Carrousel (1935), de la Cité
• Enceinte militaire de Thiers (1841)
• Restauration du Val de Grâce (1840), de la Sainte Chapelle (1837), de l’église St Séverin (1841), de Notre Dame de Paris (1843).

 

Remarque : Viollet-le-Duc nous livre, dans son « dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle » (tome VII – 1864), un très bel exemple de la bonne tenue aux ravages du temps sur les pierres extraites des carrières de Bagneux. On y apprend que les pierres tirées du banc royal (qui porte à 0,70m) utilisées pour les parements et les couronnements des contreforts des tours, ainsi que celles tirées du banc de roche utilisées pour les fûts des grosses colonnes interne de la nef ne se sont ni déformées, ni érodées depuis leur mise en place 20 ans plus tôt.
carriere bagneux SNCF
 
Carte de Bagneux : Les zones rouges sont sous minées par les carrières (carte de la préfecture)

 

 

Consolidation des carrières de Bagneux par l'IGC :

Les carrières de Bagneux ont été consolidées tardivement à partir de 1855 par l’IGC. On peut distinguer trois étapes de renforcement du réseau :

- Dans un premier temps, l'IGC consolida l'actuelle RN20 avec de robustes piliers en pierre de taille. On trouve également des plaques gravées "limite de la route – côté ouest" qui permettent de délimiter les contours de l’actuelle RN20.

- Dans un second temps (au début du XXe siècle), ils aménagèrent des galeries d’inspection sous différentes grandes voies publiques (Avenues de Paris, Max Dormoy et Henri Ravera, rue des Meuniers). Construites en meulière, ces grandes galeries rectilignes permettaient de vérifier la bonne tenue des remblais. Quelques rares plaques de consolidation, où est inscrit "61 L 1855", permettent d’attribuer la responsabilité de ces travaux à l’inspecteur général des carrières : Lorieux en 1855.

- Enfin, il y eut une campagne de comblement de multiples anciens puits d’exploitations qui parsemaient alors la commune. On en retrouve la trace en carrière grâce aux inscriptions du type "ATS 1885" signifiant : Ancien Trou de Service comblé en 1885. Ces travaux durèrent de 1885 à 1889.

- Aujourd'hui, l'IGC a disparu ! Les réseaux présentent tous le même état d’abandon : présence de nombreux fontis, ciels effondrés (ou en cours d’effondrement), hagues écrasées sous la pression de la surface, piliers fissurés. Cet état est aggravé par l’intrusion de racines qui pénètrent jusqu’à 25m de profondeur à la recherche d’eau.

carriere bagneux SNCF
carriere bagneux SNCF
Inscription indiquant le comblement du puits de service en 1889
(photo Légionnaire)
Plaque indiquant la consolidation N°63 édifiée en 1855
sous la direction de l'inspecteur Lorieux (photoTitan)
carriere bagneux SNCF
Plaque indiquant la limite de l'actuelle RN20 (photoTitan)

 

Lors de la cartographie de ces carrières (les premières planches IGC de Bagneux datent du début des années 1900), l’IGC laissa également de nombreux repères formés d’une croix accolée à un numéro (peints généralement en rouge, bien qu’il en existe quelques uns noirs). Ceux-ci aidaient à la prise de mesures d’angles et de distances, dans un environnement sans aucun repère visuel net.
carriere bagneux SNCF
carriere bagneux SNCF
Relevé topographique de l'IGC à Bagneux en 1896 (Coll. IGC)
Chiffre et croix rouge servant de repère visuel à l'IGC pour la cartographie

 

 

Champignonnières de Bagneux:

Les carrières de Bagneux furent, comme de nombreuses carrières des communes voisines (Arcueil, Châtillon, Montrouge, Malakoff...), utilisées par des champignonnistes. On peut trouver des restes de meules dans quelques galeries à l'ouest et au sud du réseau. Il reste également des montants de portes, qui permettaient de délimiter les différentes concessions. La culture des champignons s'arrêta vraisemblablement au début du XXe siècle du fait des difficultées d'accès à ces carrières.

Aujourd'hui les cataphiles occupent et aménagent des salles dans ces carrières (Bagnox Bar, salle du carrefour). Certains endroits abritent de très belles sculptures.

carriere bagneux SNCF
carriere bagneux SNCF
Sculptures dans une salle aménagée par des cataphiles
Culture en meules de champignons de Paris en Banlieue sud de Paris.