Carrière "Bagneux ANPE"

Carrière de Calcaire grossier - surface d'environ 6 hectares

 
Le Diaporama
carriere bagneux ANPE

Origine du nom :

Son nom vient du fait qu'elle est située dans le quartier de l'ANPE.

 

Organisation de la carrière de "Bagneux ANPE" :

Cette carrière est de petite taille mais possède beaucoup de charme. Quatre puits, dont deux carrés avec des petits paliers disposés de façon hélicoïdale, permettent d'y accéder. La carrière était également accessible par une pente douce, dont il subsiste environ une centaine de mètres.

L’extrémité ouest du réseau, dénommée "SATO land", est inondée. Ces galeries ont été explorées en plongée souterraine le 5 juillet 2002 par le cataphile "SATO" qui est un plongeur expérimenté.

carriere bagneux ANPE
carriere bagneux ANPE
Puits carré à paliers (Photo HCL)
Vestige de la pente douce (photo Légionnaire)

 

Le réseau est exploité dans sa totalité par "hague et bourrage". La faible hauteur obligeait les carriers à extraire la pierre au pic. La plupart du temps, ils devaient donc travailler assis ou à genoux. On trouve également de nombreux piliers à bras, parfois en nombre suffisant, pour former de petites "forêts de piliers".

Remarque : Signalons l'existence de quelques rares indications de rues : "Avenue Ravachol" et "Avenue Venante". Il s'agit sans doute d'inscriptions écrites par les champignonnistes pour s'orienter !

carriere bagneux ANPE
carriere bagneux ANPE
Galerie avec jolie hague
Petite forêt de piliers à bras (photo HCL)

 

La carrière abrite de très belles sculptures cataphiles dont les sources d'inspiration sont la mort, les femmes et les "bas-relief".

carriere bagneux ANPE

Sculptures cataphiliques
 
Sculpture réalisée par un cataphile

 

 

Consolidation IGC de la carrière de "Bagneux ANPE" :

Ce réseau comporte quelques rares galeries maçonnées et des inscriptions qui ont été mises en place à l'aplomb de quelques voies publiques. Ces éléments permettent de comprendre le rôle de l'IGC au niveau de la commune de Bagneux. Les carrières de Bagneux ont été consolidées tardivement à partir de 1855 par l’IGC. On peut distinguer trois étapes de renforcement du réseau :

- Dans un premier temps, l'IGC consolida l'actuelle RN20 avec de robustes piliers en pierre de taille. On trouve également des plaques gravées "limite de la route – côté ouest" qui permettent de délimiter les contours de l’actuelle RN20.

- Dans un second temps (au début du XXe siècle), ils aménagèrent des galeries d’inspection sous différentes grandes voies publiques (Avenues de Paris, Max Dormoy et Henri Ravera, rue des Meuniers). Construites en meulière, ces grandes galeries rectilignes permettaient de vérifier la bonne tenue des remblais. Quelques rares plaques de consolidation, où est inscrit "61 L 1855", permettent d’attribuer la responsabilité de ces travaux à l’inspecteur général des carrières : Lorieux en 1855.

- Enfin, il y eut une campagne de comblement de multiples anciens puits d’exploitations qui parsemaient alors la commune. On en retrouve la trace en carrière grâce aux inscriptions du type "ATS 1885" signifiant : Ancien Trou de Service comblé en 1885. Ces travaux durèrent de 1885 à 1889.

- Aujourd'hui, l'IGC a disparu ! Les réseaux présentent tous le même état d’abandon : présence de nombreux fontis, ciels effondrés (ou en cours d’effondrement), hagues écrasées sous la pression de la surface, piliers fissurés. Cet état est aggravé par l’intrusion de racines qui pénètrent jusqu’à 25m de profondeur à la recherche d’eau.

carriere bagneux ANPE
carriere bagneux ANPE
Inscription indiquant le comblement du puits de service en 1889
(photo Légionnaire)
Plaque indiquant la consolidation N°63 édifiée en 1855
sous la direction de l'inspecteur Lorieux (photoTitan)
carriere bagneux ANPE
Plaque indiquant la limite de l'actuelle RN20 (photoTitan)

 

Lors de la cartographie de ces carrières (les premières planches IGC de Bagneux datent du début des années 1900), l’IGC laissa également de nombreux repères formés d’une croix accolée à un numéro (peints généralement en rouge, bien qu’il en existe quelques uns noirs). Ceux-ci aidaient à la prise de mesures d’angles et de distances, dans un environnement sans aucun repère visuel net.
carriere bagneux ANPE
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Relevé topographique de l'IGC à Bagneux en 1896 (Coll. IGC)
Chiffre et croix rouge servant de repère visuel à l'IGC pour la cartographie

 

 

Exploitation des carrières de Bagneux :

La majorité de la commune de Bagneux est sous minée par d’anciennes carrières de calcaire grossier. Elles furent exploitées assez tardivement, entre le XVIIIe et 1930. La quasi-totalité de la masse calcaire intéressante a été extraite. Les étages moyens (bancs "franc" et "de roche") et inférieur ("lambourdes", "banc royal" et "liais") du calcaire grossier ont été exploités entre 32m de profondeur (au nord ouest) et 17m (au nord est). La topographie de ces carrières est typique de la méthode par hagues et bourrages. Au fur et à mesure de leur avancée, les carriers ne laissaient que quelques galeries pour rejoindre un puits d'exploitation. Quand les distances à parcourir devenaient trop importantes, un nouveau puits était creusé. Ceci donne au réseau une configuration dite "en étoile" où les galeries rayonnent d'un puits d'extraction à l'autre.

carriere bagneux ANPE
carriere bagneux ANPE
Carriers posant dans les carrières de Bagneux en 1890 (coll. IGC)
Carriers débitant un bloc, dans les carrières de Bagneux en 1890 (coll. IGC)
 
Les pierres tirées de ces carrières étaient d’excellente qualité. Très dure, elles furent principalement utilisées pour la construction des fondations de bâtiments et pour la réalisation de colonnes porteuses. On les retrouves en grande partie dans les réalisations du Paris Haussmannien et pour la restauration de différents monuments. On peut citer : 

 

• Soubassements de l’Arc de Triomphe (1832), du Louvre
• Eglises de la Madeleine (1763), de St Vincent de Paul (1824) de St Philippe du Roule (1172), de St François Xavier (1861)
• Fûts des colonnes du Panthéon (1758)
• Ponts des invalides (1824), du Carrousel (1935), de la Cité
• Enceinte militaire de Thiers (1841)
• Restauration du Val de Grâce (1840), de la Sainte Chapelle (1837), de l’église St Séverin (1841), de Notre Dame de Paris (1843).

 

Remarque : Viollet-le-Duc nous livre, dans son « dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle » (tome VII – 1864), un très bel exemple de la bonne tenue aux ravages du temps sur les pierres extraites des carrières de Bagneux. On y apprend que les pierres tirées du banc royal (qui porte à 0,70m) utilisées pour les parements et les couronnements des contreforts des tours, ainsi que celles tirées du banc de roche utilisées pour les fûts des grosses colonnes interne de la nef ne se sont ni déformées, ni érodées depuis leur mise en place 20 ans plus tôt.
carriere bagneux ANPE
 
Carte de Bagneux : Les zones rouges sont sous minées par les carrières (plan dressé par la préfecture)

 

 

Champignonnières de Bagneux:

Les carrières de Bagneux furent, comme de nombreuses carrières des communes voisines (Arcueil, Châtillon, Montrouge, Malakoff...), utilisées par des champignonnistes. On peut trouver des restes de meules dans quelques galeries à l'ouest et au sud du réseau. Il reste également des montants de portes, qui permettaient de délimiter les différentes concessions. La culture des champignons s'arrêta vraisemblablement au début du XXe siècle du fait des difficultées d'accès à ces carrières.

carriere bagneux ANPE
Culture en meules de champignons de Paris en Banlieue sud de Paris.