Carrière "des Montalets"

Carrière de Craie - Surface d'environ 10 hectares

 

 
Le Diaporama

Origine du nom :

Cette carrière est située sur le "coteau calcaire des Montalets" qui borde la Seine. Par extension la carrière fut appelée Montalets dès le 17ème siècle.

 

Organisation de la carrière :

L'exploitation de cette carrière remonte au moins à 1409, ce qui explique l'exploitation par piliers irréguliers. Le développement du réseau est totalement anarchique avec une exploitation sur 5 niveaux différents qui s'entremêlent. Les niveaux exploités en dernier sont uniquement en piliers tournés réguliers. De belles croisées d'ogives y sont visibles. La hauteur de craie exploitée varie également suivant les niveaux et varie de 2 m à plus de 6 m. Ces galeries débouchent par de nombreux cavages situés dans le coteau qui borde la Seine.

carriere craie montalets meudon
carriere craie montalets meudon
Niveau ancien exploité par piliers tournés irréguliers
Niveau plus récent exploité par piliers tournés réguliers

 

La carrière des Montalets témoigne également de l'industrie du "Blanc de Meudon".

On peut y voir de nombreux restes d'installations hydrauliques qui permettaient de collecter l'eau nécessaire à la fabrication du Blanc. Toutes les sources naturelles, mises à jour par l'exploitation, ont été captées. L'eau était stockée dans les réservoirs présents un peu partout. Les carriers ont profité des niveaux successifs pour conduire l'eau par gravité vers ces réservoirs. L'eau circulait dans des rigoles à même le remblaie ou dans des tuyaux de grès qui sont parfois encore fonctionnels. Notons la présence d'un véritable petit aqueduc qui contribue à ce réseau hydraulique très complexe, ainsi qu'une belle pompe à roue. Toute cette eau permettait de diluer la craie afin qu'elle décante progressivement. Les particules les plus fines forment le fameux "Blanc de Meudon". (Dossier complet sur cette production ICI).

carriere craie montalets meudon
carriere montalets meudon
carriere montalets meudon
Beau réservoir d'eau
Réservoir d'eau collectant aqueduc
Le petit aqueduc situé au niveau le plus haut de la carrière
carriere craie montalets meudon
carriere montalets meudon
carriere craie montalets meudon
Réservoir surélevé avec pompe à main
Tuyaux de grès
Réservoir calcifié
 
On trouve également les restes de la salle du manège, où se trouvait des broyeurs à craie. Malheureusement il ne reste que les traces de leurs emplacements. Les pièces métalliques du mécanisme ont sans doute été recyclées.

 

 

Histoire de la carrière :

L'origine de l'exploitation de la craie sur le coteau des Montalets est très ancienne. Dans les archives, le premier terme évoquant cette industrie locale est la dénomination du "sentier des blancs" qui passait sur ce coteau. En 1409, l'emplacement des Montalets est lieu-dit appelé "les blancs murs".

Au 17ème siècle, un four à chaux est construit prêt d'un cavage de la carrière. En parallèle le développement anarchique de la carrière des Montalets entraîne une série de fontis (1803, 1828, 1837, 1868) signalés dans les rapports de l'IGC. La carrière est exploitée à cette époque en deux zones :

- M. Bouret a convertit d'anciennes zones d'exploitations en caves. Il y produit du malt.

- M. Podevin et Malsac, exploitent la craie dans une autre zone de la carrière. En Juillet-août 1868, trois fontis se forment simultanément dans leur zone. Ces effondrements détournent le cours naturel des rivières souterraines du coteau qui s'engouffrent dans la carrière. Afin de stopper cette inondation, ils entreprennent de construire un mur de 4 m et d'y coupler des tuyaux d'évacuation. Mais ils n'arrivent pas à maîtriser l'eau qui détruit des piliers. L'eau s'accumule ainsi pendant 15 jours, jusqu'a qu'elle inonde les caves de M. Bouret. Il s'en suivit un procès le 1er mars 1869 qui imposa par arrêter préfectoral, la mise en place de confortations.

Par la suite, on produit massivement du Blanc de Meudon dans la carrière, comme en témoigne les nombreux restes d'installations. La carrière des Montalets ferma en 1882 et des villégiatures furent construites autour du parc des Montalets.

plan carriere montalets meudon
Localisation des Montalets sur le coteau des Montalets.
 

 

 

Le gisement fossile des Montalets :

La carrière des Montalets fut étudiée pour ces nombreux fossiles. C'est en 1836 que le géologue Charles d'Orbigny est invité par le carrier Langlois aux Montalets. Il fit remarquer la présence d'un "trou" dans le ciel de carrière qui permettait d'accéder à la craie sus-jacente. Avec l'aide de quelques ouvriers de la carrière, Orbigny découvrit une couche de conglomérat calcaire de Meudon (de 30 cm) à la base des argiles plastiques. Ce fut une découverte très importante dans le sens où cette couche fut, à l'époque, la plus ancienne de la période tertiaire. Les fossiles de mammifères qui y furent découvert devinrent les plus anciens de France. A l'époque les fossiles découverts furent relativement mal décrits.

Il faut attendre les fouilles menées entre 1854 et 1855 par Hébert, pour avoir des identifications précises de fossiles. Parmi ces ossements fut découvert et décrit le premier Coryphodon, dont on trouva un crâne et une maâchoire. Hébert publia une thèse sur le sujet en 1856. En 1855, Constant Prévost (collaborateur d'Hébert), découvrit les ossements d'un oiseau "géant" qui fut appelé Gastornis. Une série de paléontologues (Gaston Planté en 1869, Vélain en 1878, Vasseur en 1875) travaillèrent sur le gisement, dont Gaudry fut le dernier avec la fermeture de la carrière. Voici la liste des fossiles de mammifères découverts :

- divers os de poissons non déterminés
- l'oiseau géant, Gastornis
- 2 espèces de tortues
- 1 crocodile
- 1 rongeur, Paramys

- 1 singe, Plesiadapis
- 1 cheval, Hycotherium
- 1 faux carnivore (créodonte)
- le préongulé, Coryphodon

 

Crâne et os de Gastornis
Squelette de Gastornis
Reconstitution de Gastornis

 


Crâne de Coryphodon
Reconstitution de Coryphodon
Gravure des dents de mammifères trouvées par Hébert
 

En 1984, le paléontologue Alain Galoyer décida de rechercher ce gisement fossilifère des Montalets. A l'aide des documents d'archives, il localisa en 1985 l'ancien "trou" dans le ciel de carrière. Malheureusement le gisement était ensevelit partiellement sous un fontis. Il eu recourt à une consolidation via un boisage en pieux d'acacia, qui est toujours visible. Cette technique s'appuie sur celle utilisée dans les carrières d'argile du bassin de Provins. Ces travaux, en reprise de fontis, permirent d'échantillonner de façon précise les sédiments du conglomérat de Meudon. c'est au total plus d'une tonne de sédiments qui furent étudiés au Muséum d'Histoire Naturel de Paris. Ces fossiles ont permis de reconstituer le milieu où vivaient ces espèces. C'était un paysage lacustre avec des marais, des tourbières et une forêt tropicale humide. Voici la liste des Vertébrés identifiés :

- 3 espèces des marsupiaux (Sarigues)
- 5 espèces de rongeurs, dont le Paramys
- 4 espèces d'insectivores
- 1 chauve-souris
- 5 espèces de singes, dont le Plesiadapis

- le premier cheval Hyracotherium
- le Créodonte
- 1 faux carnivore (créodonte)
- 2 familles de péongulés, dont Coryphodon

carriere montalets meudon
Boisage du fontis en acacia (photo HCL)
Reconstitution du paléoenvironnement des Montalets
(Croquis JL Vatinel)

 

 

Etude des silex ou Paramoudras des Montalets :

La carrière des Montalets a été également étudiée par le muséum d'histoire naturel pour ces bancs de silex noirs. On trouve des restes de ces fouilles qui on eu pour but de dégager certains bancs de silex, afin d'en comprendre les formes et indirectement leur formation.

Certains de ces silex ont une forme tubulaire. On les appels alors des Paramoudras. Les tubes vont de quelques millimètres à une trentaine de centimètres de diamètre et peuvent atteindre plus d'un mètre de longueur. En coupe, le silex présente une structure annulaire. Au centre, se trouve un tube de 1 à 2 cm de diamètre de craie lithifiée. Le tube peut être vertical (cylindrique, piriforme, en forme d'obus, annelé) ou horizontal.

L'hypothèse avancée par les chercheurs, pour expliquer la forme de ces silex, serait de leurs attribuer une origine organique. Ces silex se formeraient dans d'anciens terriers d'organismes fouisseurs désignés sous le nom de Bathicnus paramoudrae. Cet animal hypothétique appartiendrait au vers marins (annélide polychète ou un Némerte comme un pogonphore). Son terrier abriterait de bactérie qui consommeraient localement l'O2, tout en acidifiant le PH en périphérie du terrier. Dans ces conditions physico-chimiques, l'acide silicique se polymérise et précipite sous formes de silice, composant de base de la silice.

carriere montalets meudon
Zone de fouille des paramoudras aux Montalets (Photo HCL)
Paramoudra vertical aux Montalets
Schéma d'un paramoudra en coupe
(G. Breton)

D