Creutes ou carrières de Confrécourt

Carrières de Calcaire - surfaces cumulée d'environ 1 hectare

 
Le Diaporama
carriere confrecourt

Origine du nom :

Cet ensemble de carrières tire son nom de la ferme fortifiée voisine appelée ferme de Confrécourt.

 

La prise de possession de la ferme de Confrécourt :

Cet ensemble de carrières et la ferme de Confrécourt furent le théâtre de violents combats entre allemands et Français lors de la première Guerre Mondiale. Cette ferme datant de 893 fut construite par des moines et constituée une véritable forteresse permettant d'observer toute la vallée de l'Aisne.

carriere confrecourt
Ferme fortifiée de Confrécourt avant la première guerre mondiale
 

C'est au cours du mois de septembre 1914 que les combats, pour contrôler ce site stratégique du chemin des dames, firent rages :

- le vendredi 11 septembre 1914, les allemands (le 27ème régiment d'infanterie) attaquent la ferme de Confrécourt et tuent tous le bétail. Ils s'y installent et creusent des meurtrières en vu des prochains combats. Cependant la nuit arrivée, les allemands quittent leur cantonnement et battent retraite ! Un régiment de chasseurs alpins français prend alors possession des lieux la nuit même.

- Le 12 septembre, la ferme est bombardée massivement par l'artillerie allemande et encerclée par deux régiments allemands qui s'approchent jusqu'a 15 mètres. La ferme est quasiment entièrement détruite. 400 soldats français la défendent héroïquement pendant un combat qui durera plus de 3 heures. Elle ne sera plus jamais occupée par les allemands.

- A partir du lendemain les offensives allemandes font rages et le village de Vingré, situé non loin de carrières de Confrécourt, est pris par les allemands. Les français (la 6ème armée française), après un début de repli, reçoivent l'ordre de conserver leurs positions sur le plateau de Confrécourt. Ils vont alors enfoncer les lignes allemandes avec une batterie de 75 soldats qui sont appuyés par le régiment de chasseurs alpin situés dans la ferme de Confrécourt. Une guerre de tranchée s'installe alors sur le plateau de Confrécourt.

carriere confrecourt

carriere confrecourt

Combat dans la ferme de Confrécourt entre le 14 et le 20 septembre 1914
Ruines de la ferme de Confrécourt après les bombardements du 12 septembre
 

carriere confrecourt

Gravures de montrant les ruines de la ferme de Confrécourt au lendemain du 12 septembre

 

'5

L'aménagement des carrières de Confrécourt :

Les carrières situées à proximité de la ferme en ruine vont être occupées et aménagées par les soldats français. Elles constituent un abri idéal pour les soldats revenant des tranchées toutes proches où la bataille fait rage. Le 16 septembre 1914, le 216ème régiment d'infanterie installe un hôpital qui va accueillir jusqu'à 400 blessés. Ces carrières sont alors surnommées "l'hôpital". A quelques centaines de mètres à l'ouest, d'autres carrières servent d'abri au régiment notamment au régiment des "1er Zouaves" et abritent environ 300 soldats. Les carrières sont progressivement aménagées en plusieurs secteurs :

- la zone de l'hôpital, situé à l'est, où des lits et un poste de premiers secours sont installés.

- Un dortoir collectif pour les soldats, avec de lits de paille posés à même le sol, dans la zone ouest.

- Un entrepôt souterrain pour les vivres et les munitions dans la zone ouest.

- Entre ces deux ensembles de carrières, plusieurs appartements d'officiers sont construits le long du front de taille. Ils sont munis de cheminées et équipés de meubles provenant des villages avoisinants.

Pour faciliter le transport des pierres nécessaires aux aménagements et des munitions, une portion de voies Decauville fut installée. Elle était équipée de wagonnets basculeurs. Elle est toujours visible en contrebas du chemin des carrières.

carriere confrecourt

Entrée de la creute de " l'hôpital" qui hébergeait une ambulance
Entrée de la creute du "1er Zouave"
 

Voie étroite Decauville visible au premier plan
Logement s officiers aménagés le long du front de taille
 

Certains témoignages écrits décrivant les lieux ont été retrouvés par l'association "Soissonnais 14-18" :

"Nous allons en réserve dans une carrière de pierre, éclairée à l'acétylène. Malheureusement dans ces cavernes, tout n'est pas drôle, la vermine nous dévore, poux, puces, rats, souris pullulent. De plus, c'est très humide et beaucoup de soldats tombent malades." ( A. Lavollé du 4ème Cuirassiers)

"Il y avait beaucoup de joueurs de cartes, d'autres qui les regardaient, d'autres qui travaillaient des douilles d'obus pour en faire des vases, on avait aussi le temps d'écrire à sa famille." (Un soldat du 170 R.I.)

Remise de décorations devant les carrières de Confrécourt
Soldats français installés dans les ruines de la ferme de Confrécourt
 

 

 

Un patrimoine souterrain remarquable :

Entre deux batailles, les soldats se détendaient en jouant aux cartes mais également en sculptant des bas relief. On retrouve dans ces œuvres tous les symboles liés à leur quotidien : blasons, croix de guerre, Marianne, noms de leurs régiments ... etc.

carriere confrecourt

Cor d'armée de la 60 ème compagnie
Sculpture de la Marianne
 
carriere confrecourt

Fresque semblant représenter des gens courant aux abris !
Symbole de la compagnie des 1er Zouaves situé au dessus du cavage
 

Ils réalisèrent également deux magnifiques autels souterrains taillés à même la roche :

- Dans la carrière de" l'hôpital", on trouve la chapelle souterraine "des Bretons" réalisée, comme son nom l'indique, par des soldats du 262ème régiment d'infanterie originaire de Lorient. Elle fut sculptée en novembre 1916. Cinq larges marches permettent d'accéder à l'autel au dessus duquel est inscrit en breton "Doué hag er vro" (Dieu et le pays). Sur la paroi droite une niche abritait sans doute une statue de la vierge marie. Les auteurs de cette chapelle ont peut être laissé leur nom sur la croix où l'on peut lire : Pottier et Potin !

carriere confrecourt

chapelle souterraine donceour

La chapelle souterraine des Bretons
Détail de l'autel souterrain des Bretons
 
- Dans la carrière du "1er Zouave" se trouve une seconde chapelle souterraine possédant un autel beaucoup plus ornementé. Elle se nomme la chapelle du "père Doncoeur" qui officia ici pendant la guerre. Paul Doncoeur est un jésuite qui devint aumônier militaire en 1914. il participa aux batailles de la Marne, de l'Aisne, de Champagne et de Verdun. Il fut grièvement blessé dans la Somme. Par la suite, il rejoint ses régiments pour les combats de Reims, des Flandres. Sa bravoure et son dévouement pour assurer une sépulture chrétienne aux soldats morts au champ d'honneur, lui vaudront une renommée immense : sept citations, la croix de guerre, la légion d'honneur. Cet autel fut sculpté par les 35e et 298e régiments d’infanterie en 1914. Il est écrit au dessus une inscription patriotique : "Dieu protège la France". De la sanguine fut utilisée pour colorer les rayons du soleil entrant dans la riche ornementation de cet autel. A droite, un escalier permettait d'accéder directement aux premières lignes.
Chapelle souterraine du père Doncoeur (photo Soissonais 78)
Messe de noël réalisée par le père Doncoeur

 

Le père Doncoeur avec ces décorations militaire vers 1918
Le père Doncoeur en tenue de marche en 1946
 

Ce patrimoine exceptionnel, qui compte environ une centaine de sculptures, a fortement été dégradé dans las années 80 par des collectionneurs sans scrupule. Face à ces dégradations un groupe de passionnés créent, le 17 avril 1986, l'Association Soissonnais 14-18 avec pour mission de :

- sauver de l'oubli les sites et carrières 14-18 du Soissonnais
- motiver les propriétaires de ces sites pour une protection efficace
- centraliser les témoignages écrits, oraux et photographiques de ce secteur
- promouvoir ce patrimoine.