Carrières de l'Ermitage

Carrière et troglodyte de calcaire

surface 0,5 hectare

 
Le Diaporama
carriere Fontennelles Berangere Bois-Roger triel-sur-seine


Cette carrière tire son nom de la présence d'une habitation troglodytique à l'entrée d'une des bouches de cavage. Elle a été utilisée comme lieu de retraite par les membres de la famille De Montmorency, ce qui explique la dénomination du lieu "l'Ermitage". D'après Wikipédia, ce terme désigne une habitation solitaire et isolée située en forêt, ce qui est le cas.

Entrée de l'Ermitage au début du XXe s. Les vitraux sont encore intacts.
L'Ermitage aujourd'hui du côté carrière .

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La partie troglodytique :

Cette zone servit de lieu de repos pour les Montmorency qui aménagèrent le lieu dans un style romantique, agrémenté d'éléments Rococo , cadre propice à détente puis à la réflexion et à l'élévation de l'esprit. A cette fin, comme il était alors en usage, un certain nombre de proverbes et maximes avaient été gravées sur les murs, sous formes d'Épitaphes :

 

- "Loin des fracas de la grandeur on peut ici rêver bonheur"

- "On dort partout quand le cœur est tranquille"

- "Le génie, la science et la vertu n’ont qu’une même patrie"

- "Heureux le philosophe, trop heureux s’il sait l’être"

 

La partie servant d'habitation est constituée de deux pièces; une chambre et une salle-à-manger. Elles sont décorées dans un style romatique. L'ensemble de la décoration s'inspire de la nature avec une ornementation constituée pour l'essentiel de bois :

- des frises en bois réhaussées de cépes de vigne, qui immitent des moulures, bordent le plafond.

- des bas-reliefs en panneaux d'écorce de chêne sont également réhaussés de cépes ainsi que de peintures représentant des créatures sylvestre que sont les Faunes.

- le fronton de la cheminée est réhausée d'une frise de bois finement ciselée.

- on peut également apercevoir un reste de salamandre dont il manque aujourd'hui la tête.

- Les portes peintes sont également réhausées de moulures en bois.

Peinture de Faune, avec ces cornes et son bouc, sur un bas de porte.
Frise en bois ornée de cèpes de vignes.
 
Porte également décorée de cèpes de vigne imitant des moulures.
Cheminée ornée d'une belle frise en bois sculpté.
 
Ces deux pièces étaient meublées avec des meubles également à la limite entre Rococo et romantisme, ou encore de style Montmorency. Ils avaient été crées sur mesure par Bridault, maitre charpentier sculpteur du château de Chantilly. Ils ont été placés dans l'ermitage pour la venue de la duchesse d'Angoulême, "ambassadrice" de son oncle le roi Louis XVIII. La salle à manger était équipée d'une table longue avec ses chaises et d'un vaissellier. La chambre contenait un lit et une bibliothèque. Ces meubles, présents jusqu'à la fin des années 90, comme en témoignent les photos ci-dessous, ont été malheureusement vendus par un antiquaire.
La salle à manger de l'Ermitage , au début du XXe s.
La salle à manger dans les années 90 avec les meubles en place. (photo Fayard)

 

La chambre de l'Ermitage , au début du XXe s.
La chambre à couché avec les meubles présents. (photo Fayard)
 
Les meubles de l'Ermitage restaurés pour leur vente via un antiquaire.
 
A cette zone d'habitation s'ajoute une cuisine troglodytique dont il subsite un four à pain et une cheminée pour les marmites. On distingue encore un étage supérieur sans doute destiné au petit personnel, chauffé par le conduit de la cheminée. La situation ne devait pas être très confortable, comme en témoigne la noirceur des parois rocheuses. L'escalier d'accès est toujours visible mais seule la paroi avant de la chambre subsiste.
La cuisine troglodyte.
Le four à pain de la cuisine.

 

 

Le mystérieux tombeau des Montmorency :

Cette carrière se trouve dans dans un domaine ayant appartenu à la famille Montmorency. De nombreuses traces témoignent de l'appartenance du lieu à cette grande famille :

- Plusieurs blasons ornés aiglons, armoiries de la famille Montmorency, sont présent dans la habitation troglodyte. Deux blasons sont peints sur les parties basses de la port d'entrée. Une moulure de blason, aujourd'hui disparue, était présente au dessus d'une des portes. Ajoutons également la présence du blason sur plusieurs petits bâtiments, dont une tour en pierre de taille située dans le parc du château.

- La présence de deux casques de chevalier localisé au dessus d'une porte et dans la frise encadrant une porte.

- la présence d'une salamandre, symbole de la royauté et plus particulièrement de François 1er qui fut longtemps épaulé par Anne de Montmorency.
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Blason des Montmorency au bas d'une porte
Blason et casque sur la tour.
Blason moulé ayant disparu aujourd'hui (photo Manu)
oCasque de chevalier au dessu d'une porte
Casque de chevalier peint
PoSalamandre sans tête
 

Mais le plus interessant reste sans conteste la présence d'une tombe. Elle est logée dans une petite excavation de microcarrière, est protégée par un mur en pierre sèche percé d'une magnifique fenêtre décorée d'ornementations gothiques. Notons également la présence d'une niche à veilleuse ornée et d'un glaive sculpté sur la paroi sus-jascente. Jusque dans les années 90, une stèle était présente. Malheureusement elle a aujourd'hui disparue et l'indentité de la personne enterrée ici reste hypothétique. Ce qui peut être affirmé c'est que cet individu avait un certain rang aux sein de la famille Montmorency car les signatures et graffitis sculptés dans les pierres du mur sont très nombreuses et remontent jusqu'au 17e siècle, ce qui n'est pas le cas dans l'habitation troglodytique.Trois hypothèses semblent possibles :

- Il s'agirait d'un homme membre direct de la famille Montmorency. Cette hypothèse s'appuit sur la présence du glaive, symbole des seigenuries et de la guerre. La famille de Montmorency à toujours joué un rôle très important dans les guerres menées par le roi et possédait à une époque plus de terres que le roi lui même. D'autre part, une chevalière en or ornée des aiglons de l'armoirie des Montmorency, a été retrouvée sur place dans les années 90.

- Une autre piste s'appuit sur la présence d'un long texte gravé sur la paroi qui abrite la tombe. Il est composé de trois paragraphes reprenant deux auteurs Henry et Virige. Ces textes ne sont pas totalement lisibles mais ils racontent l'histoire d'un amour interdit entre Anne (prénom masculin) de Montmorency et la Dame Blanche Dxx rencontrée à la cours d'Henri III. Cette relation valut à Anne de Montmorency les foudres de la cours et il se fit banir. Cette Dame Blanche fut envoyée au couvent d'Argenteuil. Lors d'une visite religieuse, elle rendit visite à notre Ermite. Cette tombe pourrait alors être la sienne !

- La dernière hypothèse s'appuit sur un graffiti situé sur le mur de pierre sèche. Au milieu des innonbrables signatures, on trouve la phrase suivante "". Cette homme pourrait être l'Ermite lui même. Ce prénom masculin contribuerait à l'hypothèse de la présence de la dame blanche.

Mur du tombeau avec sa fenêtre gothique.
Intérieur du tombeau.
 

Le texte gravé dans la roche, donnant des indices sur la mystérieuse Dame Blanche.
 
Niche à bougie surplombant l'emplacement de la tombe.
Glaive situé au-dessus du tombeau.

 

 

Le passée liée à l'exploitation du calcaire :

Le calcaire grossier a été exploité dans un premier temps à ciel ouvert, comme en témoigne le fort décaissement au niveau du front de taille. Par la suite l'extraction s'est enfoncée dans le côteau calcaire ainsi formé. Néanmoins l'exploitation est de taille modeste et a sans doute dû servir avant tout pour des constructions locales, comme le château.

L'ensemble des blocs ont été extraits à la lance de carrière de façon manuelle. On trouve au fond de la carrière de très beaux fardiers qui sont des charettes très renforcées qui permettaient le transport de gros blocs. L'un d'entre eux est équipé d'une remarquable "plate-forme" amovible qui permettait de treuiller le bloc du sol au chariot. Un reste de treuil manuel témoigne également de ce passé de la pierre de construction.

Fardier avec sa plate-forme semblable à une luge
Reste de treuil à pierre.