Carrières d'Herblay et de Conflans-Sainte-Honorine Carrières de Calcaire grossier
|
|
Le
Diaporama |
|
Origine du nom : Ces carrières ont des noms liées aux lieux-dits et ont changées souvent de dénomination au niveau des archives. La plus connue est la "Carrière des Anglais", qui tire son nom d'une inscription laissée par les champignonnistes sur la paroi de l'un des cavages en souvenir de Mac Colla, d'origine anglaise. Ce fut le dernier exploitant de pierre à Herblay. |
|
|
|
Une Méthode d'exploitation atypique : Le coteau calcaire qui borde la Seine, au niveau des communes d'Herblay et de Conflans-Sainte-Honorine, a été exploité sur quasiment toute sa longueur et sur une profondeur d'environ 200 m. Les carriers y ont extrait essentiellement le "Banc Royal". De multiples galeries, perpendiculaires au coteau ont été entreprises de façon simultanées et possèdent chacune leur propre cavage. Par la suite certaines d'entre elles ont été reliées par de petites galeries taillées au pic, afin de favoriser l'aération. Cette multitude de galeries parallèles, au total prêt de 12 kilomètres de long, donnent aux carrières d'Herblay une configuration très particulières. |
|
|
|
Portion
du plan, de la zone classée dénommée "carrière
des Anglais", des carrières d'Herblay. Cavage renforcé
d'une arche. (Doc . Atlas souterrain de Paris et photo de Titan)
|
|
|
|
Finalement, ces carrières ne possèdent quasiment aucun pilier tourné. L'extraction des blocs, réaliséeà la lance de carrier, s'est limitée essentiellement aux galeries linéaires. Néanmoins, certaines zones ont été exploitées sous forme de vastes salles puis furent consolidées par hagues et bourrage. On peut y observer de magnifiques hagues rappelant étrangement les ambiances des carrières de la banlieue sud de Paris. La consolidation est également assurée par des nombreux "piliers à bras", qui forment des "forêt de piliers à bras". Ce nombre de piliers bien plus élevés que la moyenne, s'explique par le fait que les carriers ont exploités le banc royal jusqu'a son extrême limite supérieur. Le ciel de carrière s'en est trouvé fortement fragilisée et affiné d'où la nécessité des piliers en surnombre. Habituellement les carriers auraient continués à exploiter le banc vers le bas ! Ils n'ont pu adopter cette stratégie car la Seine étant toute proche, la base du banc royal trempe dans la nappe phréatique très peu profonde. |
|
|
|
Galerie
bordée de magnifique hagues qui retiennent le bourrage. L'inscription
"rue bonet" est visible sur la gauche.
|
|
|
|
Forêt
de piliers à bras servant a soutenir le fragile ciel. |
Puisard
servant a recueillir les eaux d'infiltration. |
Cette exploitation excessive fragilisa fortement le ciel situé à proximité des cavages. Afin de sécuriser ces portes de sorties, les carriers entreprirent la consolidation des galeries par des arches en ogives monumentales, formées de pierres de taille. En 1762, Ils réalisèrent une double arches formant une pièce architecturale est unique en Ile-de-France. La date de construction est gravée sur plusieurs des clefs de voûtes avec une typologie de type "incises" dans une version époque baroque. Cette consolidation majestueuse a permis de classer, à la liste des monuments historiques, la zone de carrière située à proximité. Depuis 2003 la ville a entrepris de sécuriser, grâce au mécénat de quelques entreprises, ces galeries de manière à pouvoir les ouvrir à la visite. Une visite commentée par un passionné du travail des carrières a lieu tous les dimanches entre avril et octobre, après inscription au service Archives/Patrimoine de la ville. |
|
|
|
La
double arche du cavage des Anglais. |
L'enchainement
d'arches en ogives d'Herblay. |
|
|
Histoire de l'exploitation de la pierre d'Herblay et de Conflans-Sainte-Honorine : L'exploitation des ces carrières débuta au alentour du 17e siècle, tout d'abord à ciel ouvert puis en souterrain. L'exploitation fut pendant longtemps artisanale. Cette industrie a vraiment connu un fort développement au 19e siècle pour deux raisons essentielles :
|
|
|
|
Dates
gravées prêt des cavages des carrières d'Herblay
et Conflans. (source base Mérimes) |
|
En 1844, on dénombre 7 carrières souterraines de pierre à bâtir employant quarante ouvriers et six à ciel ouvert comptant aussi 40 ouvriers. A l'apogée de l'industrie de la pierre, vers 1861, Il existe 37 carrières déclarées. Parmi les propriétaires, on trouve la très nombreuse famille Tessé, mais aussi Jean Fouillère qui fut maire pendant dix ans. Ces carrières étaient aussi exploitées par des entreprises parisiennes, comme celle d'Eugène Courmelon. A la guerre de 1870, l'exploitation de la pierre fut interrompue temporairement. Le dernier exploitant fut Mac Colla. Il exploitait la zone plus à Est de cet ensemble de carrières. On ne connait pas avec certitude la date exacte de cessation de l'extraction de la pierre, mais tout porte à croire qu'elle se situe autour de 1880. La dernière trace connue d'utilisation de la pierre des carrières de Gaillon est la réfection de la tour Saint-Jacques sous l'égide de Viollet-Leduc, vers 1875 (d'après l'ouvrage de JC Pansanel). L'absence d'exploitation de type piliers tournés reguliers montre que la mécanisation n'a pas eu le temps que s'implanter ici. Il faut dire que ces carrières, mal placées par rapport au chemin de fer (la voie ferrée est au sommet du plateau, ce qui un implique une dénivellation considérable), furent défavorisées par rapport à leurs concurrentes directes ayant un accès plus facile aux gares (Carrières-sur-Seine, Saint-leu-d'Esserent, Méry-sur-Oise, Saint-Maximin ...). |
|
|
|
Cavages
des anciennes champignonnières qui occupaient la carrière. |
Anciens
cavages du quartier Gaillon. |
|
|
Les champignonnières d'Herblay : Les champignonnistes s'installèrent dans les carrières d'Herblay et Conflans-Sainte-Honorine à la fin du 19e siècle. Ils donnèrent, dans certains secteurs :
La typographie utilisée pour ces indications de repérages, réalisés à la sanguine, est de type "Mécane" (empattement droit, de même épaisseur que le reste du caractère), caractéristique du 19e siècle. D'autre part, l'inscription "avenue de l'Opéra" permet de certifier que cette signalétique est postérieure à 1870, car cette artère parisienne fut percée entre 1865 et la guerre de 1870. |
|
Les
principales indications d'orientation de la carrière des
Anglais. (photos Titan) |
|
Les
champignonnistes exécutèrent à leur tour des
consolidations via des arches plein cintre
et non plus en ogives (rue de la Sirène). Sur l'une
de ces arches, l'inscription "Carrière des Anglais 1896",
dans le même caractère que les noms de rues, commémore
probablement son achèvement. |
|
|
|
Arche
plein cintre construite par les champignonnistes. |
Inscription
apposée sur cette arche et à l'origine du nom de la
carrière . |
Au cours du 20e siècle, la culture du champignon de Paris prend de l'ampleur. L'histoire de la champignonnière des frères Trapelli retrace bien l'histoire du champignon dans les carrières d'Herblay.
|
|
Anciennes
Cultures en sacs de l'entreprise Trapletti frères. |
Ancienne
cloison en film plastique qui séparait deux caves de culture. |
-
En 1995, à la recherche d’une diversification pour
la commercialisation des champignons, ils s’orientent vers
la vente au détail, par l’intermédiaire des
marchés locaux. La production, au sein même des carrières
d'Herblay, prend fin au profit de carrières plus éloignées
de Paris. La technique de culture employée est celle des
bacs métalliques, empilés les uns sur les autres.
Le compost arrive préparé (pasteurisé, ensemencé),
par la coopérative. Le compost n’étant plus
préparé sur l’exploitation agricole et la technique
utilisée étant de plus en plus automatisée,
la main d'œuvre salariale a été supprimée.
L’effectif de l’entreprise familiale est actuellement
de 3 personnes à plein temps. Aujourd’hui, 35 % de
la production est commercialisée auprès de la distribution
et 65 % sur les marchés locaux. En cas de surproduction,
le surplus est livré au MIN de Rungis. |
Mr Trapletti. |
|
|
Des fossiles et cristaux remarquables : |
|
Pour finir ces carrières présentent un double intérêt géologique et paléontologique : - Le toit des carrières de Conflans et d'Herblay est formé par une épaisse couche de marnes vertes et caillasses (10 à 20 m). Ces marnes contiennent des lentilles de gypse qui ont été dissoutes par les eaux d'infiltration souterraine. Le réarrangement des minéraux de calcite et de quartz donne naissance à des géodes de calcite. Elles sont constituées de petits cristaux de couleur orangés et peuvent atteindre jusqu'a 1 m de long. Quand elles sont en grande densité, elles forment une véritable couche quasi continue, que les carriers appelaient banc de "sucre candi" ou de "gros sel". |
|
Cristaux
d'une géode de gypse (Photo A. Martaud) |
|
-
Les carrières d'Herblay présente également
un intérêt paléontologique via la découverte,
en 1992 par le cfpphr, d'une mâchoire et d'ossements
fossilisés de Lophiodon dans les
marnes vertes du ciel de carrière. Ce mammifère est
un lointain ancêtre des tapirs. Cette découverte reste
unique en Ile-de-France. Plus récemment, un œuf fossile
a été découvert, mais sa détermination
est toujours en cours. |
|
|
|
Découverte
de la mâchoire de Lophiodon à Herblay (photo cfpphr) |
Mâchoire
de Lophiodon d'Herblay (Photo A. Martaud) |
|
|
Des artistes sont passés par là ! La carrière recèle quelques belles fresques datant des années 80 et miraculeusement intactes :
|
|
|
|
Série
de fresques d'un inconnu !
|
|
-
De façon éparse, on trouve quelques célèbre
"corps blanc" de Mesnager, lorsqu'il
n'était pas encore célèbre. Elles ont été
sans doute réalisées entre 1982 et 1986. |
|
|
|
Corps
blanc de Mesnager |
Corps
blanc de Mesnager |
Dossier réalisé avec la participation de Dominique Paris
|