Carrière des "Potences" à Citry

Carrière de gypse de 1ère masse - surface d'environ 20 hectares

 
Le Diaporama
carriere vieux moutier duval

Origine du nom :

Le nom actuel donné à cette carrière est "les potences". Il correspond au lieu dit le plus proche. On l'appelle encore carrière de Citry, du nom de la commune sur laquelle elle se situe.

 

Les ruines de l'usine à plâtre :

A l'extérieur, dans la forêt, se cachent les ruines de l'ancienne usine à plâtre de la carrière. Les restes sont importants et permettent de prendre conscience de l'importante production de plâtre que fournissait la carrière des "Potences". On peut distinguer deux époques de production du plâtre.

Infrastructures d'avant 1900 :

Un certain nombre de constructions en pierres de taille datent d'avant 1900 et sont clairement identifiables sur les cartes postales de cette époque :

- En haut du coteau se trouvaient les concasseurs à pierres abrités dans des bâtiments dont les fondations et des murs sont encore visibles. Les morceaux de gypse étaient acheminés par une voie de chemin de fer provenant du tunnel de 600 m de long. Cette portion de voie est toujours visible par endroits. A droite, on distingue l'écurie pour les chevaux chargés de tracté les wagonnets. Des voûtes, situées à la base des ces bâtiments, permettaient de charger des bennes via un système de "téléphérique" dont des restes sont toujours visibles.

- Un fois en bas, le gypse était cuit dans le four à plâtre situé dans les bâtiments de l'autre coté de la route et munis d'une immense cheminée.

- Le plâtre était ensuite stocké dans 3 immenses silos couverts dont il ne reste aujourd'hui que les murs. Le plâtre était ensuite chargé dans des charrettes à la base des silos, au niveau des voûtes. Le plâtre était exporté par barques, puis par péniches sur la Marne. Il est probable que le plâtre était également exporté vers l'Est de la France, car Paris était déjà desservi par bien d'autres carrières plus proches.

- Enfin, sur la droite des silos, on aperçoit une voie étroite qui sort par un cavage. Elle devait communiquer avec la descenderie condamnée qui est visible en carrière. C'était visiblement le deuxième cavage permettant de sortir les tonnes de gypse nécessaire à la fabrication du plâtre.

Arrivé du téléphérique de la plâtrière vers 1900.
   
Usine à plâtre des Potences en 1902.
Usine à plâtre de Citry en 1909.

 

Ruines des silos à plâtre.
Voûtes en contrebas servant au chargement des charrettes.
 

Modernisation des années 30 :

Une tour dépassant de la forêt interpelle le visiteur. Elle est située juste au dessus des anciens silos à plâtre. Son architecture est bien plus moderne, utilisant une structure en béton armé. Ce sont, en fait, les restes de la partie modernisée de l'usine à plâtre. En effet, après-guerre, l'usine a été complèment réorganisée comme le montre la carte postale ci-dessous. Cette tour n'est autre qu'un immense réservoir de stockage de gypse qui alimentait directement plusieurs fours situés en dessous. Ce réservoir était alimenté par une voie étroite circulant sur une petite passerelle, visible sur la carte postale.
On voit nettement, sur le cliché des années 50, que les anciens silos en pierres de tailles sont abandonnés car leur couverture a déjà disparu et que la végétation a commencé à envahir l'intérieur.

Vue de l'usine moderne, sans doute dans les années 50.
Vue du haut de la tour située en pleine forêt.

 

Base de la tour avec un four à plâtre.
Base du réservoir de la tour avec les fours à plâtre disposés autour.
 

La Marne fut reliée par une portion de voie étroite afin de charger plus facilement les péniches. Au bord de la route, un petit bâtiment en ruine correspond à l'ancien réfectoire des ouvriers de l'usine. Il fut converti, après la fermeture de l'usine, en grange. Enfin, à proximité du cavage situé sur le plateau, se trouve le "carreau" qui servait de vestiaire aux ouvriers et où l'on voit encore les porte-manteaux.

Une anedocte rapportée par un ancien carrier du village précise que les allemands, lors de la seconde guerre mondiale, utilisèrent cette tour comme point d'observation et y installèrent une mitrailleuse. Après-guerre, des enfants tombèrent sur l'engin et frôlèrent le drame en se tirant dessus.

Ancien réfectoire des ouvriers. (photo Bréjon)
Ancien vestiaire des ouvriers.

 

 

Organisation de la carrière des potences :

L'exploitation de cette carrière, qui extrait le gypse des coteaux de la Marne, aurait débuté en 1880. Elle est exploitée à la manière de ses consœurs de Seine-et-Marne. Ici, point de galeries trapézoïdales mais plutôt carrées malgré quelques zones en piliers tournés un peu évasés. Il reste 3 sorties d'exploitations, mais il devait sans doute y en avoir plus :

- On trouve tout d'abord une galerie de roulage maçonnée et voûtée d'environ 600 m de long, qui débouche par un petit cavage digne d'une mine. Cette sortie était équipée d'une voie de roulage de 65 cm de large, comme le prouvent les restes de traverses en bois visibles au sol. Aujourd'hui, cet accès est fortement inondé par des eaux d'infiltrations qui ne peuvent plus s'écouler.

- Plus loin dans la carrière, se trouvent deux anciennes descenderiess, dont une est équipée d'une échelle en très mauvais état et dont le pendage est très fort.

Tunnel de roulage long de 600 m et inondé.
Ancienne descenderie visible en carrière. (photo HCL)
 
L'organisation des galeries est assez classique. On a une galerie de roulage principale, haute et large, de laquelle partent perpendiculairement des galeries secondaires moins hautes. Ces galeries ont été confortées par d'énormes piliers, voire des murs, maçonnés qui ont été construit entre avril 1916 et 1932. Les travaux auraient été dirigés par un certain Bazin, dont le nom est lisible plusieurs fois. L'organisation est assez moderne et contraste avec deux zones exploitées en piliers tournés plus basses et à mon avis beaucoup plus anciennes. Elles sont actuellement en très mauvaisétat du fait d'un décollement de plaques de gypse au niveau de la discordance argileuse qui sépare les deux masses de gypse.
Galerie de roulage secondaire.
Zone de piliers tournés avec de nombreux effondrements du ciel de carrière.
 


Inscription datant la consolidation.
Galerie de roulage principale renforcée.
 

Ce qui est remarquable, ce sont les nombreuses portions de voies étroites encore en place. C'est un réseau de voies portatives d'environ 90 cm de large hors tout et de 65cm d'écartement avec des traverses en bois. Elles sont présentes au niveau de la galerie principale et des secondaires les plus grosses, qui servaient de voies de roulage. La galerie principale est équipée de traverses au gabarit "SNCF" tandisque les traverses des branches sont bien plus fines (carrés d'environ 8 par 8). On trouve, par endroit, des stocks de rails et de traverses, ainsi que de nombreux aiguillages, parfois accompagnés de leurs leviers. Enfin, il reste des caisses en bois de wagonnets dont les châssis ont été récupérés. Ces caisses permettaient d'évacuer les blocs de gypse et étaient vidées via le pan mobile situé sur le coté.
La traction était assurée, dans un premier temps par des chevaux comme le prouve les deux écuries encore en place, dont l'une d'elle abrite encore des restes de colliers et un abreuvoir. Par la suite, un locotracteur tractait les wagonnets, cependant comme le tunnel d'accès avait été prévu pour les chevaux, le conducteur devait se baisser en arrière pour passer dedans !

Remarque : L'ensemble de ce dispositif n'a pas était démantelé comme la majorité sans doute car le cavage d'entrée est vraiment étroit.

Rails de 65cm encore en place dans une galerie secondaire.
Aiguillage avec stock de traverses en bois .
 
Restes d'une écurie.
Caisse en bois de wagonnets.
 

Notons la présence de quelques curiosités, comme de nombreux puits dont certains destinés à abreuver les chevaux, une petite salle de carrier où se trouve encore une vieille affiche signalant le port du casque obligatoire et une soucoupe sans doute destinée à récupérer l'eau d'infiltration d'un forage.

Puits carré.
Puits situé près des écuries.
 
Salle de carrier et son affiche.
Soucoupe de récupération d'eau !
 

L'exploitation se serait arrêtée dans les années 60. Par la suite, une petite zone fut exploitée en champignonnière comme le prouvent les emplacements des anciens ventilateurs nécessaires à l'aération des caves. Cette zone a été touchée par un incendie peut être liée à cette production !

Aujourd'hui, l'état de la carrière est préoccupant dans certaines zones avec le décollement de plaques au ciel de carrière et la formation de fontis. Malgré le foudroyage de nombreuses galeries et des travaux de consolidations récents, comme le prouvent quelques parpaings, certaines zones restent instables.

Zone d'effondrement dans le roulage principal.
Blocs tombant du ciel de carrière malgré les consolidations.