Construction et entretien de l'aqueduc de Retz

A l'origine, il existait un vieil aqueduc constitué par un assemblage de tuyaux de grès. Il se nommait le "grand cour". Cependant vers 1679, la quantité d'eau fournie ne suffisait pas à couvrir les besoins de la commune de Saint-Germain-en-Laye et surtout de la cours du Roi Louis XIV installé au château. On commença, alors, la construction d'un nouvel aqueduc, formé par une galerie souterraine, munie d'une rigole où circulait l'eau.

Construction de l'aqueduc de Retz :

Sa construction s'est déroulée en trois phases successives et très étalées dans le temps :

- 1ère phase 1685-1688 : En décembre 1685, Nicolas le jongleur est chargé de trouver de l'eau supplémentaire pour la cour du roi. Il décide de faire construire une première portion de galerie souterraine, d'environ 2Km, qui remplace une partie des tuyaux en grès. Elle démarre aux étangs de Retz et se termine par la construction du premier regard : "Regard vieux". Le reste du parcours jusqu'à Saint-Germain est maintenu sous forme de simples tuyaux de grès. Les années suivantes, la galerie est entretenue régulièrement et les étangs sont pavés afin de limiter les pertes d'eau. Mais avec le départ de Louis XIV à Versailles, l'aqueduc va être oublié, la cunette va s'ensabler, les racines d'arbres vont s'y engouffrer et des dérivations illégales vont s'y greffer.

- 2éme phase 1731-1732 : le 27 février 1731, le roi Louis XV ordonne une estimation des travaux à effectuer, afin d'augmenter à nouveau la capacité de l'aqueduc de Retz. Une nouvelle portion de galerie souterraine est à nouveau construite et se termine par un deuxième regard : "Regard Neuf". Ces travaux portent le débit de l'aqueduc à "15 pouces de fontainier", soit 200 Litres par minutes. Enfin il est exigé que la conduite se sépare en deux afin de séparer l'eau pour le roi et l'eau pour la ville.

- 3ème phase 1778-1798 : En 1778 L'ingénieur Guilaumot (également 1er inspecteur de l'IGC) fait un bilan de l'aqueduc. Il préconise de remplacer les tuyaux de grès restant entre le "regard neuf" et le centre ville, par des tuyaux de fonte d'un diamètre de 12 pouces (environ 15 cm). Cette mesure n'est réalisée que 5 ans plus tard par faute d'argent ! Puis débute la troisième extension de la galerie souterraine qui aboutit à un troisième regard dénommé le "Regard d'Hennemont". Les travaux durent 3 ans et sont financés par M. de Monville et le Duc de Noailles qui reçoivent chacun, en compensation, une concession d'eau. Le débit de l'aqueduc est alors de 266 litres/min. En 1798, un réservoir est construit sur la place du marché de Saint-Germain afin de régulariser le débit.

Extrait de carte montrant le trajet de l'aqueduc et l'emplacement des regards (Carte de 1714)

 

 

Entretien de l'aqueduc au cours des siècles :

L'aqueduc va alors sombrer dans l'indifférence pendant une trentaine d'années. Mais la demande en eau continue d'augmenter avec le nombre d'habitants croissants de cette ville royale. L'aqueduc va alors subir un certain nombre de travaux afin de répondre à la demande en eau. Ces travaux, qui se déroulent sur une cinquantaine d'années, visent à régulariser le débit de l'aqueduc.

- Tout d'abord toutes les concessions frauduleuses (ferme de Retz, ferme de Montaigu, la faisanderie...) vont être traquées et supprimées. Les dérivations dans la ville qui desservaient des concessions privées vont aussi être coupées. Enfin, un périmètre de sécurité, sous forme d'une bande de 6 m de large, est instauré sur tout le trajet de l'aqueduc. On ne peut ni y cultiver, ni y bâtir, ni y planter des arbres.
- En 1855, un quatrième étang est construit au départ de l'aqueduc, afin de stocker d'avantage d'eau des sources.

- Le réservoir de la "place du marché" est remplacé, en 1866, par un château d'eau de 276 m3.

- On construit également le réservoir de Montaigu afin de stocker les eaux surabondantes de l'hiver.

En parallèle, un projet de pompe à vapeur permettant de puiser l'eau de la Seine, en complément de celle de l'aqueduc, voit le jour en 1836. Ce sont, donc, trois pompes qui sont mises en place successivement au niveau du Pecq. Elles finissent par remplacer quasi totalement l'aqueduc. Finalement, le 22 janvier 1910, l'eau de l'aqueduc de Retz va servir à irriguer le golf de Saint-Germain-en-Laye à raison de 90 m3/j. Une convention précise qu'en dehors des heures d'arrosage du golf, l'eau servira à alimenter, sans garantie de débit, ni de potabilité : 3 bornes fontaines en ville, une bouche d'incendie et quelques riverains.

Enfin, la mise en place progressive (1930 à 1942) de plusieurs puits artésiens, permet à la ville de se dispenser complètement de l'aqueduc de Retz. Au delà du golf, il est utilisé pour irriguer les champs de Chambourcy et fournir de l'eau à l'abattoir de Saint-Germain. Le 1er janvier 1943, une convention est signée avec la "Lyonnaise des eaux" qui prend en charge l'entretien de l'aqueduc.


Pompe à vapeur construite en 1836
Usine de pompage du puits artésien du Pecq
 

En 1951, un dernier évènement coupe définitivement l'aqueduc de Retz du centre ville de Saint-Germain-en-Laye. La mise en place d'un nouveau lotissement dans le parc d'Hennemont, destiné aux officiers du SHAPE (Haut commandement en Europe de l'OTAN), va nécessiter de faire monter l'eau sur cette colline. L'eau doit y être amenée par surpression depuis le réservoir de Saint-Germain. Les ingénieurs décident alors de réutiliser l'ancienne conduite en fonte de l'aqueduc de Retz. L'eau y circule en sens inverse puisqu'elle va du centre de Saint-Germain en direction de Chambourcy.

Aujourd'hui, l'aqueduc de Retz et le réservoir de Montaigu fonctionnent toujours, afin d'irriguer le golf. La "Lyonnaise des eaux" n'entretien que très sommairement l'aqueduc dont la galerie est envahie par les racines d'arbres et effondrée par endroit. De plus, la cunette est très envasée et ensablée. Le surplus d'eau du bassin de Montaigu s'écoule dans le Rû de Buzot.

Portion de galerie délabrée avec voûte effondrée.
Portion de galerie envahie par les racines.

 

 

(En partie d'après les travaux de M. Renard)