Les Sources de Retz

Au fond de nombreuses carrières, on trouve ça et là, des outils de carrier abandonnés. Chacun d'eux avaient une fonction précise dans une des étapes de l'exploitation de la pierre. Les carriers sont toujours restés dans l'ombre, alors je vous propose de faire la lumière sur ces travailleurs forcenés.

Des nappes perchées :

Les sources, utilisées pour alimenter l'aqueduc de Retz, trouvent leur origine au niveau des plateaux bordant la vallée du Rû de Buzot (Plateau des Aluets et plateau de Marly). Ces deux plateaux abritent une nappe phréatique perchée. L'eau est stockée dans les sables de fontainebleau qui sont pris entre deux couches d'argile. Le plancher de la nappe phréatique est constitué par des argiles vertes et le toit de la nappe est formé par des argiles.

Cette réserve d'eau affleure néanmoins très peu de façon naturelle. Seules deux sources (source de Retz et de Joyenval) affleuraient de façon spontanées avant les travaux d'adduction d'eau. Finalement la vallée du Ru de Buzot peut être qualifiée de relativement sèche par rapport à ses voisines. Le faible nombre de résurgences au niveau des bords des plateaux s'explique par des remaniements de sédiments argileux qui ont "colmatés" des zones perméables.

Coupe géologique du Rû de Buzot, orientée Est/Ouest.

 

 

Les captages des sources :

Afin d'alimenter en eau l'aqueduc de "grand cours", une première série de sources du plateau des Alluets furent captées. Lorsque l'on prit la décision de construire l'actuel aqueduc de Retz, la prospection de nouvelles sources fut confiée à Nicolas Le Jongleur. Plusieurs solutions techniques furent mises en oeuvre de façon simultanées :

- On décida d'aller chercher des sources complémentaires situées à plusieurs kilomètres.

- Le début de la galerie souterraine de l'aqueduc de Retz fut relié à des "pierrées", qui avaient pour fonction de drainer les sables contenant l'eau. Cependant, ces structures ne captent que la partie superficielle de la nappe, car ils sont placés en haut de la couche de sable. Ils ont également l'inconvénient de laisser passer de l'eau très chargée en argile qui comble progressivement la cunette.

- On construisit une deuxième galerie souterraine parallèle à l'aqueduc proprement dit. Cependant, cette galerie est située de l'autre coté de la vallée du Rû de Buzot, sur le plateau de la forêt de Marly le roi. Elle forme une longue pierrée qui draine les eaux du second plateau, bien plus étendu que celui des Alluets. L'eau parvient dans l'aqueduc de Retz par un système de tuyau siphon qui passe sous le golf de Joyenval et donc du Rû de Buzot. Cette seconde galerie souterraine est à l'origine du nom "les aqueducs de Retz".

Cartographie des sources alimentant l'aqueduc de "grand cours" qui furent réutilisées pour l'aqueduc de Retz.
 
Les pierrées sont de petites galeries maçonnées d'environ 40 cm de haut pour une largeur de 15 à 40 cm. Ce sont des drains constitués de pierres sèches, c'est à dire des pierres sans mortier, qui laissent diffuser l'eau des couches perméables. Ce système ne peut fonctionner que si le tout repose sur une couche imperméable comme de l'argile. De ce fait, la pierrée "baigne" et draine directement l'eau de la nappe. Ces ouvrages sont à environ 2 ou 3 mètres de profondeur sous la surface du sol. Pour éviter la diffusion d'eau trouble provenant directement de la surface, la pierrée est recouverte d'une chape de glaise.
Schéma d'une coupe de pierrée
 
 

 

 

(En partie d'après les travaux de M. Renard)