Le trajet de l'aqueduc de Retz

L'aqueduc de Retz est un ouvrage souterrain qui apportait l'eau des sources de la vallée du Rû de Buzot, jusqu'au château de St-Germain-en-Laye. Il chemine en suivant les courbes de niveau sur prés de 6 Km. L'eau s'y écoule de façon gravitaire.

Les parties visibles :

Bien que l'aqueduc soit souterrain, certaines parties de l'ouvrage sont visibles. Il est ponctué, sur son trajet, de quatre regards de visites, construits au fur et à mesure de l'avancement de la partie souterraine. Le Regard Vieux et le Regard Neuf à Chambourcy, le Regard Dauphine et le Regard D'Hennemont à Saint-Germain-en-Laye. Ils prennent la forme de petits édifices en pierres de taille à l'architecture soignée. Ils sont tous classés à l'inventaire des monuments historiques depuis 1988.

Sur les deux réservoirs qui existaient, il subsiste uniquement le réservoir de Montaigu. Il est situé sur la commune de Chambourcy, "route du bassin".

 

 

 

L'architecture de l'ouvrage :

 

L'aqueduc de Retz est constitué d'une galerie souterraine voûtée dont la hauteur varie de 2 m à 80 cm. Elle est maçonnée avec des meulières non taillées. Au centre de la galerie, se trouve une "cunette" dans laquelle circule l'eau. Cette rigole est bordée de deux trottoirs appelés "banquettes". Le tout repose sur une chape de béton appélée "radier". Sur certaines portions, l'eau s'écoule directement sur le radier. Etant donné que l'aqueduc suit les courbes de niveau, il n'a pas été nécessaire de construire un pont aqueduc. De ce fait, les regards de visites et le réservoir de Montaigu sont les seules parties visibles de l'ouvrage.

On peut distinguer aujoud'hui deux parties différentes :

- Un premier tronçon de galerie, allant des sources jusqu'au "Regard Neuf", où l'eau circule librement dans la cunette. Cette portion active en fait le plus vieil aqueduc actif de France. L'eau libre finit son trajet en s'engouffrant dans la conduite forcée qui se rend au réservoir de Montaigu. Cette partie est entretenue par la "Lyonnaise des eaux".

- Le deuxième tronçon part du réservoir de Montaigu. A partir de 1834, l'eau y circulait sous pression dans une conduite forcée en fonte. Cette conduite fut recyclée en 1951 et il en reste des portions éparses. Aujourd'hui, cette zone est désaffectée et totalement laissée à l'abandon. Des portions de voûte se sont effondrées et la galerie est coupée en plusieurs endroits par des routes secondaires.

Cunette envasée où circule l'eau libre
Portion parcourue par les restes de conduite forcée.

 

 

Les puisards ponctuant le trajet

Tout le long du trajet des puisards ont été aménagés. Le puisard (ou soupirail) est un puits permettant d'accéder à l'aqueduc par le haut de la voûte. Quand l'aqueduc est profond, le puisard prend l'aspect d'un petit puits maçonné trapézoïdal. Afin de pouvoir y descendre, les parois sont pourvues d'encoches permettant d'y mettre les pieds. En surface, les puisards sont fermés par un tampon de pierre. Plus tard, du 19ème siècle certains ont été fermés par du béton ou des plaques en fontes au cours.

Ils sont bien plus nombreux que les regards car ce sont des ouvrages bien plus modestes. Leurs rôles sont multiples car ils permettent :

- d'accéder à l'aqueduc pour son entretien.
- de favoriser l'aération de la galerie, notamment pendant la construction de l'aqueduc.
- de permettre l'évacuation des déblais lors de la construction. On trouve notamment des entailles, dans les voûtes, formées par la traction des blocs dans le regard par des cordes.

Puisard avec encoches.
Schèma de coupe de puisard (M. Renard)
 
Tampon en pierre d'origine.
Tampon remplacé par une plaque de métal.

 

Curiosités sur le trajet :

Outre les regards, deux curiosités méritent d'être soulignées. Tout d'abord la présence d'une grille constituée d'énormes barreaux qui ferme la galerie souterraine. Elle se situe juste sous l'aplomb de la limite du parc d'Hennemont. Cette grille servait vraisemblablement à empêcher l'accès au château d'Hennemont par la voie souterraine.

D'autre part, il existe trois petites marches dans la cunette destinées à briser la vitesse du courant au niveau d'une pente plus forte que la moyenne.

Grille qui protégeait le domaine d'Hennemont
"Marches" destinées à casser la vitesse du courant.

 

(En partie d'après les travaux de M. Renard)