Le front de taille :
Dans une carrière, l'extraction des blocs de pierres de fait au niveau du front de taille. C'est une paroi où l'on distingue les différents horizons ou bancs calcaire. Chaque banc, porte un nom attribué par les carriers (On peut recouper ces noms avec les noms géologiques). Chaque banc, possède une densité et une dureté particulière, qui conditionneront la façon dont il sera utilisé en construction.
Banc de roche : il n'était jamais exploité en carrières souterraines. Il était laissé en place pour former le ciel des carrières.
Cliquart ou haut banc : banc qui se trouve au sommet du front de taille. Il Sert pour les Moellons et pierres d'appareil.
Bancs francs : Il sert pour les moellons et pierres d'appareil.
Souchet
: les carriers débutaient le délitage ou souchevage de la
masse par ce niveau. c'est le banc le plus tendre.
Grignard : C'est calcaire coquillier employé pour
des moellons.
Banc des galettes : il est tendre et sert pour les moellons.
Liais
: c'est un calcaire du, très recherché pour les sculptures,
colonnes, colonnettes, chapiteaux. Il es très solide, à
grains très fins et "bien liés".
Gros banc ou banc de marche : Il n'était pas exploité dans les carrières parisiennes et servait de plancher (de marche) aux galeries supérieures.
Banc vert : jamais utilisé. Forme le sol ou "aire" de la carrière.
Banc royal : très bon calcaire. Moellons et pierres d'appareil.
Lambourdes : calcaire à milioles. Moellons et pierres d'appareil.
Coquillier ou Banc à mollusques : calcaire très coquillier. Moellons.
L'extraction des blocs à la lance :
On enlève successivement trois bancs. L’extraction débute par le banc médian, c'est-à-dire celui du milieu. Elle se déroule en plusieurs étapes :
- Le souchevage : Il consiste à creuser un sillon horizontal dans la roche plus tendre, qui correspondant à la discordance située à la base du banc médian. La lance de carrier est déplacée horizontalement sur l’affût qui ne bouge pas. Ce sillon à une profondeur 1,5m de et une longueur de 1,5m. On l’appel le Souchet. L’amorce de cette tranchée est souvent effectuée au pic à souchet ou pic de carrier.
- Le défermage : Il consiste à faire deux tranches (1,5m de profondeur x 1,5m de hauteur), limitant verticalement le futur bloc. Elles sont amorcées au pic du haut vers le bas pour éviter le bourrage par les éclats de calcaire. Ces sillons nécessitent de réajuster en permanence la lance en hauteur, obligeant par la même à bouger les étais de l’affût. Cela explique les deux ranger de trous sur le front de taille.
Remarque
: Sous Paris, la hauteur des banc calcaire exploitable étant très
peu épais, la lance ne pouvait pas être utilisée.
Les carriers n'avaient donc que le pic pour extraire le bloc.
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Souchevage
dans les carrières de banlieue (Coll. IGC) |
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| Affût
avec lance de carrier (Aubigny) |
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L'abattage ou décrochage :
Il consiste à casser la face arrière du bloc (la seule
qui devra être aplanie). Pour faire céder le bloc on
utilise des coins et une masse que l’on place dans le sillon
supérieur creusé en dernier. Le coin hydraulique ou
« boîte à huile » fit son apparition plus
tard et supprima l’utilisation de la masse. Ensuite, il reste
à faire tomber le bloc en retirant les cales. En général
l'arrière du bloc se fracture sous son propre poids. Si ce
n'est pas le cas, des coins en métal sont
enfoncés à la masse afin de détacher les blocs
du haut. - L'extraction ou roulage : Cela consiste à tirer le bloc hors du front de taille. Pour cela, on utilise un treuil de carrier. C’est un treuil manuel et mobile grâce à trois roues. On passait la chaîne du treuil derrière le bloc. Le treuil était lui même accroché par une chaîne à un tronc d’acacia coincé au sol et au ciel de carrière. On faisait glisser le bloc sur deux planches d’acacia positionnée en pente douce. Le bloc avançait sur des billes de bois appelés « roules ». |
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Haut
banc maintenu par des blocs de pierre |
Bloc
venant d'être extrai , mais dont l'arrière s'est mal
cassé. |
| Une fois le premier bloc enlevé, on retire le banc inférieur ou "banc de fond". On fait à nouveau des sillons de souchevage et de défermage. Par contre, pour casser l’arrière du bloc, on utilise la « pince à talon » ou des coins. C’était un énorme levier, de taille variable, que l’on manipulait à un ou plusieurs hommes selon son poids. Le bloc était ensuite déplacé avec le même outil. |
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Enfin, on enlevait le bloc du haut banc. Les sillons ne changeaient pas, sauf que l’on devait placer quatre quilles en bois, ou des crics de carriers pour maintenir le bloc. C’est lors de l’extraction de ce banc, que les accidents étaient le plus fréquents, car le bloc était en équilibre précaire ! Quand le front de taille avance, on laisse toujours un "banc de retard", pour pouvoir s'appuyer dessus. Une même zone comprenant plusieurs fronts de tailles, forme un atelier d'extraction. |
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| Schéma
d'un Atelier d'extraction |
Front
de taille (carrière spinelli) |
L'apparition de la haveuse :
Avec l'ère industrielle, apparaît une tronçonneuse puissante permettant de découper les blocs, la haveuse. Elle va remplacer la lance de carrier. Il existe deux types de haveuses :
- une pour travailler horizontalement, donc pour le souchevage. On l'appel soucheveuse.
- une pour travailler horizontalement, donc pour le défermage.
C'est encore l'outil utilisé aujourd'hui dans les carrières de calcaire grossier. Il a permis d'augmenter la production journalière de pierres extraites, passant de 0,5 m3/jour (à la lance) à 4 m3/jour (à la haveuse) pour un carrier. D'autre part la haveuse permet d'extraire des blocs du plancher de la carrière sans réel front de taille.
