Le transport des pierres calcaires

Un fois les blocs sorties grâce au treuil, il faut encore les acheminer jusqu'aux ateliers de taille.

Transport des pierres:

Les blocs, remontés au niveau de la plate forme du treuil, sont posés sur des madriers en bois permettant de les basculer sur des charrettes. La surélévation de la plate-forme facilitait le chargement. Le transport était assuré par les chartiers ou pierreux.

Le but était d'acheminer les pierres jusqu'aux ateliers de taille, situés en général directement sur les chantiers de construction. Le transport se faisit soit par voie terrestre, si la pierre provenait de carrières proche, soit par voie fluviale, si la destination était plus lointaine.

 

 pierres carrieres-sur-seine puits calcaire

 

 pierres paris calcaire
Cahrgement au niveau d'une plateforme de carrière
Port aux pierres avant le pont concorde (coll. SEDHAC)

 

Jusqu'au milieu de 20ème siècle, on utilisait deux types de véhicules en fonction de la taille des blocs :

- Pour les moellons de petites tailles, on utilisait une charrette à deux roues appelée "moellonière". Elle était tirée par quatre chevaux et pouvait supporter 6 tonnes.

- Pour les grosses pierres de taille, on utilisait une voiture basse à quatre roues appelée "harnais à pierres". L'attelage était composé de 6 à 8 chevaux selon la taille du bloc qui pouvait atteindre 8 tonnes. Les boeufs étaient également utilisés dans certaines régions de France comme le Jura.

 fardier calcaire

Voiture de chartier (coll. Roger viollet)

 pierres charette calcaire

 bloc calcaire
Charette à deux roues
Attelage de boeufs dans le Jura

 

 

La législation du transport des pierres :

Au 18éme siècle, les chartiers doivent être munis d'une simple "lettre de voiture" qui double la commande. Elle stipule que le matériel doit être livré dans les temps et en bon état.

A partir de 1776, les carriers doivent avoir un numéro peint sur les blocs qui entre dans Paris afin de permettre leur identification. D'autre part le prix des pierres doit être évalué par un toiseur (nom provenant de l'unité de mesure qui pouvait être la toise), soit au niveau du port d'embarquement, soit à l'arrivée sur le chantier de taille.


Les pierres étaient mesurées soit :

- A l'unité, de transport (chariot, bourriquet...) quand elles étaient de mauvaise qualité comme les moellons.

- A la longueur, quand elles étaient issues d'un banc d'épaisseur relativement constante. Par exemple le liais dont l'épaisseur était environ de 0,25 m.

- Au volume, quand les pierres étaient de très bonne qualités ou de grosses tailles comme le banc royal ou le cliquart.

 

Les ateliers de taille :

Un fois parvenues aux chanteirs de taille, les tailleurs de pierres finissaient le travail du carrier, en taillant le pierres au mesures voulut pour la construction. Ces ateliers étaient souvent installés sur les chantiers de construction, afin de faciliter les commandes. Quand elles devaient être ornées de décoration, les sculpteurs intervenaient dans une dernière étape. Les outils qu'ils utilisaient sont spécifiques de leur profession.

Les pierres étaient taillées humides afin de permettre le dépôt d'une couche de calcin. En effet, lorsque la pierre est extraite de la carrière, elle est encore imbibée de son "eau de carrière", comme tout le banc calcaire qui la contenait. Au cours du séchage, lorsque l’eau interstitielle quitte les pores de la roche par évaporation, le carbonate de calcium dissous précipite à la surface. Les pores superficiels sont alors oblitérés par un remplissage de cristaux microscopiques de calcite et il se forme une pellicule dure et imperméable (le calcin) à la surface de la pierre .

 pierres tailleurs calcaire
Chantier de l'hotel Salm à Paris ( photohéque de Paris)