"Sang de poisson" de Klimt

Les Reproductions d'œuvres d'art du GRS - 14e arrondissement

 

 

Identification de l'œuvre "Sang de poisson":

Cette fresque, réalisée en 1992, est située dans la salle Marie-Rose du grand réseau sud des carrières parisiennes. Elle fut sans doute réalisée par Marc, Vanessa et Alexandra ! Ou peut être réalisée par Marc et dédiée à aux deux prénoms féminins ! Cette reproduction ne reprend pas les lignes symbolisant les courants d'eau, ce lui enlève un part de sa signification originelle comme nous le verrons plus loin.

Fresque présente dans la salle Marie-Rose (GRS)
Œuvre originale "Sang de poisson" Gustave Klimt (1898)
 

 

Elle reproduit une encre sur papier, nommée "Sang de poisson", peinte par Gustave Klimt. Elle fut publiée en 1898 dans la revue autrichienne "Ver Sacrum" (Le sacre du printemps). Cette revue regroupe de nombreux artistes sécessionnistes qui font partie du courant de l'art nouveau. L'objectif est de diffuser sous forme d'un magazine l'art moderne, qu'il soit mineur ou majeur. Klimt y contribuera essentiellement la première année avec quelques décors graphiques (qui accompagnent des textes) et dessins originaux, dont Sang de Poisson.

 

 

Interprétation du tableau :

Cette œuvre s'inscrit plus largement dans une période où Klimt peint les femmes et notamment des muses ambivalentes. Ce dessin à l'encre associe la femme et de l'eau. C'est une image empruntée à la mythologie féminine où Aphrodite et les nymphes prennent naissance dans l'écume de la mer. La femme prend la forme de créatures aquatiques telles les ondines.

"Les Ondines filent sous l'eau, silencieuses et rapides. Elles se déplacent toujours en bancs, se frôlent dans les courants où elles emmêlent leurs chevelures fleuries. Elles aiment frotter leurs ventres nus dans la vase ou faire semblant d'avaler un petit poisson. Le sentir battre de la queue et des nageoires contre leur palais les ravit au plus haut point. Elles se le passent de bouche en bouche dans une ronde de baisers mais l'animal, étourdi par le voyage insensé, finit par périr. La dernière qui l'a eu sur la langue est envoyée à la surface où la lumière du jour l'éblouira. Parfois, elle croise une fillette solitaire et rêveuse qui se promène le long de la berge. Elle la saisit aussitôt par la cheville et l'amène à ses compagnes. Les Ondines déshabillent l'enfant qu'elles tentent d'initier à leurs jeux. Quand la noyée cesse de se débattre, elles l'abandonnent sous un rocher.

On les appelle aussi les Serpentines ou les Serpents d'eau dans les légendes qu'on invente à leur sujet car nul marin n'est jamais revenu de leur monde. Les Serpentines ne sont pourtant pas venimeuses, elles n'ont ni crocs ni langue fourchue, elles ne s'enroulent pas autour de leur proie pour l'étouffer. Dès qu'un bateau assombrit le lit, elles montent simplement caresser la coque de leurs dos graciles, en un ballet timide et furtif. On murmure que leur regard rend les hommes fous, que certains en meurent d'amour comme foudroyés sur place. D'autres plongent pour les rejoindre dans les profondeurs. Les Ondines se pressent alors contre l'aventurier, pris au piège des eaux fraîches. Elles le cajolent de leurs mains et de leurs bouches pour lui dérober sa semence. Leur forfait accompli, les plus habiles portent le trésor à la Reine qui vit dans un lointain affluent. On dit que les Serpentines sont toutes nées de cette créature aux yeux verts et des centaines de marins éperdus qu'elles rejettent sur les berges, le cœuréteint, les lèvres esquissant un ultime sourire." (Momina)

Ces créatures soulignent l'ambivalence de la féminité :

- Le coté érotique de la femme. La femme est perçue comme un être plus élémentaire lié à la nature. L'ondine, comme les plantes et les animaux, est dépourvue d'âme et dans son alcôve aquatique participe au mouvement secret de la nature. Les ondulations des chevelures féminines et les mouvements de l'eau suggèrent des métaphores poétiques infinies. Les limites du corps fusionnent avec le fond du dessin tel la fusion de la femme avec la nature. La position de ces jeunes femmes, glissant dans l'eau, souligne l'abandon sans résistance au caractère physique de la sensation.

- D'un autre coté l'image de l'ondine renvoie aux sirènes qui incarnent le coté ensorcelant du désir féminin. L'ondine sans âme, avec son pouvoir de séduction, est aussi dangereuse que les courants incontrôlables de la rivière où l'on se noie. Les sirènes annoncent l'apparition du thème de "la femme fatale" que Klimt développera par la suite.

Le poisson est un symbole masculin, représenté de façon grotesque. Dans cet univers aquatique autosufisant, l'homme est généralement montré comme un voyeur plus que comme un acteur de la sexualité. La femme se suffit à elle même. cette œuvre aborde autosuffisance érotique féminine qui échappe à toute compréhension, à toute possession, à toute capture telle l'eau qui coule.

Détail du poisson symbolisant l'homme voyeur
Détail des chevelures fusionnent avec l'eau donc la nature.

 

 

Un thème récurent :

Ce dessin préfigure de nombreux tableaux de Klimt portant sur le même thème. On retrouve les mêmes symboliques que dans "Sang de poisson", avec parfois des procédés visuels qui varient et qui soulignent les différents aspects de la femme et l'eau. Les peintures les plus proches du dessin à l'encre sont sans nul doute "Poisson rouges" et "Eaux mouvantes". Dans "Poissons d'argent" les femmes prennent l'apparence de véritables ondines soulignant le coté séduction fatale. La fusion de la femme et de la nature se traduit par un décor en miniature dans "serpent d'eau II" où poissons, étoiles de mer et plantes aquatiques viennent se mêler aux chevelures féminines. Avec "serpent d'eau I" Klimt aborde le thème de l'homosexualité féminine appuyant le rôle inexistant de l'homme.

Eaux mouvantes (1898)
 
Serpents d'eau II (1904-1907)
Serpents d'eau I (1904-1907)
 
Poissons rouges (1901-1902)
Ondines ou Poissons d'argent (1899)

 

 

Gustave Klimt et les femmes :

Gustave Klimt (1862-1918), était un peintre autrichien qui a fortement contribué au développement du courant art nouveau présent à Vienne. Il débute en tant que peintre décorateur et contribue à orner plusieurs lieux publics de Vienne, notamment des théâtres. Sa peinture répond à des commandes et reste très académique.

A partir de 1890, il va développer son propre style influencé par le courant impressionniste français. Il va participer la création de la revue "Ver Sacrum" (1897) qui diffuse les idées de l'union des artistes figuratifs, appelée "Sécession", qu'il préside. Elle a pour objectif de diffuser les arts dans la vie quotidienne (objets et architecture) et au niveau international, en réponse au courant "Art nouveau" français. Un édifice est construit pour accueillir des expositions de jeunes peintres contribuant au mouvement.

Les thèmes qu'il développera tournent essentiellement autour de la femme. Il va en décliner différentes facettes comme; le cycle de la vie, l'enfantement, la séduction, l'érotisme, l'homosexualité, la femme fatale ... Bien qu'officiellement célibataire, il puise son inspiration auprès de ces nombreuses maîtresses. Il laissera à sa mort 14 enfants illégitimes.

Autportrait de Le Caravage --
Tableau de son compagnon Mario, sous les traits de Bacchus, avec son vrai visage.

 

Ce tableau, sans doute peint par Marc, est peut être dédicacé à deux amies homosexuelles, Vanessa et Alexandra !