Les wagonnets à pierres et leur traction

L'apparition des wagonnets en carrière va réduire considérablement la pénibilité du travail des carriers. Lorsque les voies portatives sont crées par Decauville, l'installation des chemins de fer dans les carrières souterraines se généralise. Rapidement les moyens de tractions des wagonnets vont évoluer et gagner en efficacité.

Les différents types de wagonnets en carrière :

Dans les carrières plusieurs types de wagonnets, conçus pour les voies étroites, étaient utilisés en fonctions des matériaux extraits. Malgré la diversité des modèles qui furent construits, on peut distinguer quatre grandes catégories de wagonnets :

Les wagonnets basculeurs :

Ils sont munis d'un châssis fixe sur lequel se trouve une benne pouvant basculer pour en vider le contenu. Cette benne se vide le plus souvent de façon latérale mais il existe des modèles ou elle se bascule par devant. Ils possèdent des tampons formés par des demi-cercles en fer plat. Ces wagonnets servent à évacuer les déchets d'exploitation (remblais, couverture) dans les carrières de calcaire. Dans les carrières de gypse et de grès, ils servent à évacuer respectivement les petits blocs de gypse et les pavés. Enfin, ils étaient utilisés dans les carrières de sable.

 


Cintrage des tôles pour les wagonnets basculeurs dans l'usine Decauville Evry

Planche présentant le wagonnet basculeur (catalogue Decauville - doc vvlt)
 

La grande majorité des bennes sont en fonte mais il existe également des bennes en bois, qui se vident par l'arrière, que l'on appelle "wagonnet girafe". Les restes de bennes en fonte sont souvent visibles dans les carrières souterraines abandonnées car elles furent souvent réutilisées par les champignonnistes pour faire des citernes d'eau.

Remarque : Parfois les bennes possèdent quatre crochets qui permettent de les soulever avec une grue.


Wagonnets basculeur du catalogue Petolat (doc. vvlt)
Wagonnets basculeurs sur une carrière à ciel ouvert
 

 


Wagonnets girafe du catalogue Decauville (doc. vvlt)

Wagonnet en bois de type "girafe", dont la benne bascule également
 

Les wagonnets plateformes :

Ce deuxième type de wagonnet est constitué d'un châssis rehaussé d'une plateforme formée par de solide longerons et traverses en chêne (7 cm d'épaisseur). Cette plateforme est recouverte par un plancher de chêne et mesure de 1 à 1,60 m. Ils permettent de transporter les gros blocs, extraits du front de taille, pesant entre 5 à 20 tonnes. Ils servent donc essentiellement dans les carrières de calcaire grossier. Ils possèdent parfois des freins et des essieux montés dans des boîtes à huile. A l'époque de la traction animale, des accroches pour les sangles étaient prévues sur les cotés. Leurs chargement nécessité de surélever le bloc avec des crics de carrier.

 


Catalogue Petolat - - - -----------------Catalogue Decauville

Planche présentant les wagonnets fond plat à platefromes bois et métal
Plan incliné dans la carrière à ciel ouvert de Montaiguillon
 

Les wagonnets à benne fixe :

Ces derniers sont plus rares que les précédents et dérivent souvent modèles utilisés dans les mines. La benne est soit en fonte, on parle alors de berline, soit en bois. Moins pratique que les wagonnets basculeurs, ils nécessitaient la présence d'un plancher basculeur afin de les vider. Leurs contenus étaient similaires à celui des wagonnets basculeurs. En Ile-de-France, je n'en ai vu que dans les anciennes carrières de gypse.

Train de wagonnets à bennes fixes dans la carrière de gypse d'Herblay
Restes de bennes en bois dans la carrière de gypse des potences (Photo Hcl)

 

Berline en carrière de gypse, similaire à celle utilisée dans les mines
Plateau basculeur pour berline model Petolat (doc vvlt)
 

Les wagonnets "salon" :

Les wagonnets "salon" permettaient de transporter des gens. Ils n'étaient présents que sur les grosses exploitations de pierres. Les personnes transportées étaient le plus souvent des officiels venues visiter la carrière (inspecteurs IGC, membres de la direction, clients...) et parfois les ouvriers se rendants sur un lieu de travail éloigné. Ils furent surtout utilisés avant que la voiture se démocratise, c'est à dire avant 1920.

Il existait plusieurs models avec des banquettes placées en longueur ou en transverses, en simples planches ou rembourrées. Elles pouvaient être couverte d'un petit auvent. La traction était assurée par une locomotive individuelle ou alors on les accrochait aux wagonnets d'exploitation.

Wagonnet salon à double banquettes model Petolat.
Wagonnet salon couvert accroché model Petolat (doc vvlt)

 

 

Les moyens de traction des wagonnets :

La traction des wagonnets en carrière évolua progressivement avec les progrès techniques.

La "traction" humaine :

Au départ ou lorsque les galeries trop basses, ils étaient poussés à bras d'hommes. La charge était limitée et le plus souvent cette méthode ne concernait que des wagonnets de remblais. A cette époque, les gros blocs étaient évacués via des chariots ou sur des rondins de bois ou roules.

Pente douce où les wagonnets sont poussés par les carriers
Lourds wagonnets gérés par les hommes
 

La traction animale :

Par la suite, les chevaux, et parfois les ânes, furent utilisés pour tracter les wagonnets. Le cheval était attelé via une bride spéciale appelée "écrevisse" dans le catalogue Decauville. Un cheval pouvait tirer un à trois wagonnets selon leur chargement. il était également possible d'atteler jusqu'a trois chevaux si la charge était trop lourde.

Cheval en pleine action dans une carrière de pavés.
Cheval tractant un wagonnet basculeur de remblai

 

Attelage de deux chevaux tractant trois wagonnets de remblai.
Attelage de trois chevaux posant pour le photographe
 

La traction mécanique :

Avec l'ère industrielle et la mécanisation les premières machines à locomotive vapeur, avec deux modèles légers, pour voies étroites furent mises au point. Leur vitesse était d'environ 15km/h. Par la suite, apparurent des locomotives à essence et également des locotracteurs diesel. L'utilisation de ces engins en carrières n'étaient pas sans poser des problèmes d'aération du fait de la fumée dégagée. Dans les années 20 sont apparus des systèmes de lavage de gaz d'échappement, permettant d'assainir l'air.

Ce mode de locomotion n'était installé que dans les galeries principales appelées "voie de roulage". Ces voies sont reconnaissables par la présence de nombreux renforts destiner à garantir la sécurité des convois et à la noirceur du ciel de carrière. Dans les carrières qui furent exploitées plus tardivement apparues des locomotives électriques qui étaient beaucoup moins polluantes.

La traction mécanique permis de tracter des files complète de wagonnets avec le poids total étant limité par la capacité des voies et non de la machine. Les trains en carrière disparurent avec l'apparition des camions qui sont utilisés aujourd'hui aussi bien en carrière à ciel ouvert, qu'en carrière souterraine. Cependant, certaines exploitations à grand volume conservent ce mode de transport, plus productifs.

locomotive vapeur Petolat (catalogue vvlt)
Train de wagonnets de gypse tracté par une locomotive vapeur Decauville.

Locotracteur à moteur diesel de la marque Pétolat.
Petit locotracteur Civet-Pommier à Saint-Maximin (photo asso. HdV)
 

Locomotive électrique à l'entrée d'une carrière de gypse de l'Hautil