Production industrielle du "Blanc de Meudon" et ses utilisations
La production du "Blanc de Meudon" devient bientôt industrielle. Cette industrie se met en place dans la ville de Meudon.

L'histoire d'une manufacture:

 

 

Emile de Girardin crée, en 1878, une usine de fabrication de Blanc de Meudon. Il charge son ami, Mr. Paul Borde, de mettre au point les machines nécessaires à cette fabrication industrielle. Rapidement la production augmente pour répondre à un demande croissante. Cela est possible car le besoin en main-d'oeuvre est bien moins important que dans la fabrication artisanale.

Rapidement la manufacture propose une gamme de produits plus spécifiques et devient la "Manufacture industrielle des Blancs Minéraux de Meudon". Le "blanc de Meudon" acquière sa renommée mondiale. Cette usine produisait 20.000 tonnes/an dont 13.000t partaient en Allemagne.

La manufacture ferme ses portes en 1923, avec les dernières carrières situées route Fleury. La fin de cette production sur Meudon est liée à la mise en place d'une nouvelle législation, visant à interdire l'exploitation du sol dans la zone de Meudon.

Portrait d'Emile de Girardin

 

 

Le procédé de fabrication industrielle du blanc :

Lors de la fabrication industrielle du Blanc de Meudon, on retrouve les étapes présentes dans la fabrication artisanale. La différence réside dans la mécanisation du travail, qui accélére la fabrication et réduit la quantité de main-d'oeuvre. L'usine était oganisée sur deux niveaux.

Le broyage : Les blocs de craie arrivaient de la carrière dans un wagonnet basculeur. Ce dernier était pris en charge par un élévateur qui le montait au 1er étage, à 18m de hauteur. Son contenu était déversé, via un tapis roulant, dans un concasseur munit de deux cylindres cannelés tournant en sens inverse. Les petits morceaux obtenus étaient pris en charge par une vis sans fin de 25m de long, qui les distribuait à l'étage inférieur par des trous au plafond.

Le délayage : Ces morceaux chutaient dans 8 cuves remplies d'eau (alignées sur 25 m) et mises en réseau. Un courant d'eau les traversait permettant de délayer la craie. Afin d'homogénéiser le tout, chaque cuve (ou barboteur) était équipée d'un axe en rotation, muni de 25 dents. La quantité d'eau utilisée était importante. Elle provenait d'une cuve de 200 litres, située à 8m de haut et alimentée par une pompe centrifuge débitant 8 litres/heure. La source était située à 14m de profondeur.

Barboteurs mécaniques organisés sur une rangé de 25m.

La décantation : A la sortie des barboteurs, la craie était tamisée dans un tamis circulaire rotatif incliné (ou blutoir). Cela permettait de retenir les grains de silex qui sortaient à l'extemité du tamis dans une caisse. Cette quantité importante de sable était vendue à un fabricant de briques. La craie décantait ensuite dans une série de bassins superposés. Comme dans la méthode artisanale, les particules les plus fines se déposaient dans le dernier bassin. On laissait l'eau se clarifier totalement et l'on vidangeait les bassins où restait 15cm de boue. On répétait l'opération jusqu'à obtenir 1m de boue. Il fallait 3 jours de travail.

Ouvriers sortant la boue crayeuse d'un bassin de décantation.

 

Le séchage : La boue était extraite par des ouvriers situés sur des planches suspendues par des cordes. Ils remplissaient la boue dans des seaux qui était hissés à l'étage supérieur par des nacelles. Là haut, la boue était séchée sur des tables chauffantes sous forme de petites tablettes (Elles contenaient 16% d'eau). Enfin, ces tablettes étaient chargées sur 16 wagonnets, munis d'étagères, que l'on placait dans des couloirs ventilés.

Arrivé des seaux de boue de l'étage inférieur au niveau des tables de séchage.

 

 

Les utilisations du "Blanc de Meudon" :

Les usages du blanc dépendent de la finesse des particules de craie. Les contenus de chaque bassin avaient un devenir précis.

- Le blanc des trois premiers bassins de décantation était vendu en vrac, par sacs de 50kg. Ils entraient dans la composition du mastic, de l'eau de Seltz (eau gazeuse), de la peinture et étaient aussi utilisés pour tanner les peaux.

- Une partie du blanc était tamisée pour servir aux moulures décoratives diverses.

- Le blanc le plus fin, issu du dernier bassin, était conditionné également en sac de 50kg. Il était destiné à la dorure et au polissage des miroirs.

- Une partie était conditionnée sous forme de "petits pains de blanc" fabriqués avec une mouleuse. Ils étaient conditionnés pour Paris par boîte de 200 et pour la province par tonneaux de 1100 pains. Ils étaient destinés aux usages ménagers : le blanchiement des chaussures, le polissage de l'argenterie et le dégraissage des tissus.

- On peut également l'utiliser comme poudre incandéscente dans les arts du feu, dont les feux d'artifices.

Remarque: Aujourd'hui on le trouve aux rayon bricolage et sous forme de blanc d'espagne pour les usages ménagers.


Sac de "blanc de Meudon" du rayon bricolage.