Champignonnières de Mesnil-Carrières

Carrière de Calcaire - surface d'environ 30 hectares

 
Le Diaporama
carriere sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi

Origine du nom :

Le village de Mesnil-Carrières tire son nom de l'exploitation de la pierre provenant du coteau calcaire bordant la Seine. C'est seulement avec l'oubli de ce passé, que la ville a été renommée Mesnil-le-Roi. Ces carrières rejoignent celles de Carrières-sous-bois.

 

Organisation de la carrière :

La carrière est exploitée en piliers tournés plus ou moins réguliers ponctués par de larges galeries de roulage. L'ensemble des blocs ont été extraits à la lance de carrier. On y observe quelques beaux fronts de taille.

La majorité des parois sont chaulées pour la culture du champignon. La carrière est subdivisée en deux zones qui correspondent à deux champignonnières différents. La champignonnière la plus au sud est encombrée de nombreux sacs en vrac et abrite de très belles meules. On peut également y voir les noms d'anciennes caves à champignons. La champignonnière située au nord possède encore une bonne partie des ces sacs en place, ainsi que des ventilateurs, des cuves à eau et des chaudières.

carriere sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
carriere sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
Champignonnière avec meules au sud de la carrière
Champignonnière avec sacs plastiques au nord de la carrière

 

 

L'exploitation de la pierre :

L'exploitation de la pierre sur la commune remonte à l'époque gallo-romaine comme l'ensemble des coteaux de la Seine. Les carrières furent dans un premier temps à ciel ouvert. La dernière carrière à ciel ouvert de Mesnil-carrières fut exploitée par M. Brouard en 1861 dans la rue du Val. La trouée de la rue Buisson Richard est sans doute également liée à ce type d'exploitation. Cette extraction de la pierre va être à l'origine du nom de la commune qui apparait sous la forme de "Mesnil-carrières" pour la première fois dans les archives au Xème s.

A partir du XVIII ème s. l'exploitation devient souterraine et les côteaux de la commune se couvrent de multiples cavages. On compte alors 11 carrières souterraines sur la commune, qui appartiennent à M. de La Salle. Elles contribuent à construire les châteaux royaux et seigneuriaux des environs. En 1698, comme le montre le texte d'archive ci-dessous, une commande de moellons est passée dans le but de contribuer à la construction de la machine de Marly (Elle devait servir à remonter les eaux de la Seine pour Versailles). La majorité des pierres sont exportées par la Seine via les bateaux qui apportent des sapins et qui repartent à vide. Dans le port de la commune, situé sur les bords de Seine au niveau de l'actuelle rue du port, les exploitants de pierres possédaient des "pièces" de stockage temporaire des pierres.

carriere sous-bois Mesnil-carrière Mesnil-le-roi
Cavages visibles dans le coteau bordant la Seine
Acte de vente d'une carrière de la commune datant du 27 juin 1698

 

Au XIXème s., L'exploitation de la pierre sur la commune devient industrielle du fait de la demande grandissante de Paris qui est restructurée par Haussmann. Les archives montrent que de nombreuses autorisations préfectorales sont régulièrement renouvelées aux habitants de Mesnil-carrières, comme par exemple à Messieurs: Dallemagne, Beaujanot, Gerbet, Laurent, Manceau. Le port est équipé de grues de transbordement dans les barques. La dernière carrière de la commune fut exploitée vers 1950 par M. Anadone pour fournir des moellons destinés à la construction des immeubles du village. Les moellons de moins bonne qualité sont concassés, pour faire du "craon", servant à la culture des champignons.

Remarque : Comme ailleurs, le métier de carriers reste dangereux et plusieurs accidents en carrière sont signalés; "11 avril 1643 : sépulture d'un tué dans une carrière de Carrières", "Mort d'homme dans la carrière de M. Perchet, le tâcheron Dufour victor, 32 ans, cherchait à la détacher avec un marteau un bloc du ciel d'environ 100x60x40 ...le bloc s'est décollé...décédé le 25 octobre suivant".

 

 

L'exploitation des champignons :

Au courant du XIXéme s., apparaissent les premières champignonnières. Le fumier est fournit par les chevaux de la capitale et arrive par la bateaux via la Seine et le train via la gare d'Achères puis en tombereaux. La culture du champignon prend une telle ampleur sur la commune que rapidement le dépôt de fumier à moins de 100 m des habitations est interdit, le délai maximum pour l'enlèvement du fumier est limité à 4 jours après le déchargement (arrêté du 10/02/1903).

champignonnière sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
champignonnière sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
Récolte de champignons sur la commune de Carrières-sous-Bois située juste à coté.
Restes de meules très bien conservées dans la partie sud
 

La culture production des champignons est à son apogée à Mesnil-carrières en 1950 avec 7 champignonnières. Le fumier est alors fournit par les écuries des courses de Maisons-Laffites. Les plaintes des riverains, au sujet du fumier, ne cessent d'augmenter car la production est intensive. Une main d'œuvre immigrée, notamment des italiens, est alors embauchée pour subvenir aux besoins. On trouve dans les archives des familles portant les noms de: Brillon, Dutorte, Goupillon, Manceau, Mellier, Leroy, Julliard, Sacomondi ... Les techniques de culture évoluent passant des meules, aux caisses en bois et enfin en sacs en plastiques à partir des années 1960.

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champignonnière sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
Champignonnistes devant une carrière à Mesnil-Carrières en 1912
Ancien nom de cave à champignons visible dans la carrière
 
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champignonnière sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
Récolte de champignons chez José Da Costa en 1993
Restes de sacs de chez monsieur Da Costa
 
En 1919, arrive M. Guiochon, qui en véritable industriel, va révolutionner la culture du champignon de Paris en inventant le "blanc artificiel" mycélium stérilisé, produit en laboratoire. Auparavant le mycélium ou "blanc vierge" était cultivé dans du fumier et ensuite replanté en carrière dans les meules. Cependant le taux de reprise était parfois aléatoire. La culture en milieu stérile du mycélium, permis de garantir une qualité constante et une traçabilité des souches qui étaient numérotées et identifiées. Le mycélium se présente alors sous forme de petits triangles appelé "mise" ou "quart de lune". Une véritable usine fut installée à Mesnil-carrières, à l'emplacement de l'actuel supermaché, et produit la marque de blanc "Somycel" qui va se généraliser dans toute l'Ile-de-France. L'usine emploi une main d'œuvre essentiellement féminine. Il fait également construire un hangar près du port de carrières pour la réception du fumier par péniches. Il y était conditionné en caisses en bois de culture qui étaient pasteurisées sur place.
champignonnière sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
Récolte de champignons en 1936 à Mesnil-Carrières

 

 

Les habitations troglodytes :

Dans le village de Mesnil-carrières, plusieurs rues abritent encore des maisons troglodytiques (Rue Jules Rein, Rues des chevrerrues et du Buisson Richard). En 1950, Il y avait encore 5 familles modestes qui vivaient dans les maisons troglodytes du père Matthieu. A l'intérieur les lits étaient situés dans les creux des parois et les repas étaient pris de façon collective.

rue cheverrures troglodyte sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
rue cheverrures troglodyte sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
Maisons troglodytes en 1900 : les boves (rue des cheverrures)
Rue des cheverrures en 1950

 

 

La présence militaire :

Ces champignonnières furent occupées à plusieurs reprises par les militaires :

- Les armées révolutionnaires réquisitionnent le salpêtre pour la fabrication des munitions.

- L'armée prussienne s'y serait également établie et deux corps de canons y subsistent. Ils n'ont sans doute pas pu être recyclés par les ferraileurs, car un énorme bloc du ciel leur est tombé dessus !

- Lors de la seconde guerre mondiale, l'état-major français y installe un centre de transmissions mais la débacle laisse la place aux allemands. Ils installent une base souterraine dirigée par le QG de Von Runstedt situé à Saint-Germain. Ils installent un système Decauville entre la carrière et la rue du port afin d'acheminer du sable et du ciment. Ces matériaux étaient destinés à consolider la carrière, comme en témoigne des murs de maçonnerie massive encore visibles.

- Lors de la période de la guerre froide, avec l'installation en 1952 du PC souterrain de l'OTAN dans une champignonnière voisine à celles-ci. Voir dossier site OTAN.

PC OTAN sous-bois Mesnil-carrières Mesnil-le-roi
Restes d'un canon prussien. (photo Brteam)
Carrière du PC de l'OTAN (reconstitution)