Carrières des "Fontenelles" et de la "Bérangère"

Carrière de Gypse (Massif de l'Hautil)

surface d'environ 15 hectares

 
Le Diaporama
carriere Fontennelles Berangere Bois-Roger triel-sur-seine

 

Ces deux carrières correspondaient initialement à deux exploitation de gypse différentes. Par la suite, elles furent reliées par une galerie de connexion car elles furent acquises par un propriétaire unique. Elles servirent toutes deux d'abris de défense passive pour la population de Triel-sur-Seine lors de la seconde guerre mondiale.

 

Carrière des Fontenelles :

Elle fut crée en 1832 par M. Valléry, directeur du groupe Port-Barbé, qui s'était vu refuser par le préfet de Seine-et-Oise l'ouverture d'une nouvelle carrière sur la commune de Vaux-sur-Seine. Elle fut appelée du nom du lieu-dit le plus proche; "les Fontenelles". Cette carrière fut exploitée, pour la première fois dans le massif de l'Hautil, avec des explosifs, en complément du simple pic de carrier. Le rendement en fut nettement amélioré.
En 1863, la carrière est rachetée par la société du Port-Maron qui la relie par une galerie de connexion à la carrière Port-Maron. Cette galerie est aujourd'hui en grande partie inondée mais la connexion est toujours possible comme là montrée l'expédition pneumatique dirigée par HCL, en mai 2008. L'exploitation du gypse s'y poursuivit jusqu'en 1922.

Le site fut exploité par la méthode des piliers tournés trapézoïdaux si caractéristique du massif de l'Hautil. Parfois la forme trapézoïdale y est poussée à l'extrëme afin de réduire au maximum la portance du ciel de carrière.

Exploitation par piliers tournés trapézoïdaux
Découvert localisé par l'expédition de HCL (photo HCL)
 

On y trouve de nombreux graffitis remarquables datant de deux époques bien distinctes :

- Des graffitis situés au niveau du ciel de carrière qui date de l'époque de l'exploitation par les carriers, c'est à dire le milieu du 19ème siècle. Les personnages représentés portent le chapeau napoléonien.

carriere Fontennelles Berangere Bois-Roger triel-sur-seine
Magnifique dessins de carriers situés prêt du ciel de carrière
Dessins de carrier datés de 1845
 
- Des graffitis beaucoup plus récent réalisés par la population civile trielloise lors des bombardements de la seconde guerre mondiale. Ils sont situés à hauteur d'homme et les avions, préoccupation majeur lors des bombardements, y sont abondamment représentés.
Avion à hélices dessiné par un triellois
Graffitis apposé lors des bombardements

 

 

Carrière de la Bérangère :

Elle fut également crée par M. Valléry qui était à l'époque le maire de Triel-sur-Seine. Elle faisait donc logiquement partie du groupe "Union des carrières de Triel et de Vaux du Port-Barbé". Ca date précise d'ouverture reste inconnue mais elle est sans doute postérieure aux fontenelles. Par la suite, elle fut rachetée par M. Vallée, propriétaire de la carrière à plâtre située à Pissefontaine. L'exploitation s'acheva en 1900. Cependant, elle servit à la culture du champignon jusqu'en 1942. Trois champignonnistes ce succédèrent: M. Barey, M. Duboscq fils à partir de 1922 et enfin Albert Duroselle en 1932.

Aujourd'hui, une grande partie de la carrière est inondée. L'eau ronge la base des piliers de gypse qui menacent de s'effondrer en plusieurs endroits. Le gypse est très soluble et des fragments entiers de pilier tombent dans l'eau. La dégradation de ces piliers a fragilisé le ciel de carrière, ce qui donné naissance à un front de fontis avançant vers la route départementale n°2. Ces effondrements ont obligés la commune de Triel-sur-Seine à engager des travaux de consolidations, financés par le département des Yvelines, depuis le début du mois de mai 2008. La route située au dessus et certaines habitations sont, en effet, directement menacées par ces fontis.

carriere Fontennelles Berangere Bois-Roger triel-sur-seine

Piliers trapézoïdaux rongés par l'eau
Position de la carrière en dessous de la RD 2
 

Un certain nombre de petites galeries transversales sont isolées par des murs de briques de polystyrène servant de coffrage à des zones de comblements en béton. L'injection du coulis de béton est réalisé depuis l'intérieur de la carrière ou depuis le ciel de carrière quand la zone est trop dangereuse. Cinq zones de travaux ont été définies en fonction des risques et du type de travaux de consolidation. Cette méthode est longue et coûteuse (24.000 m3 de béton vont être nécessaire) mais il est impossible de foudroyer la carrière du fait des habitations. Il n'est également pas possible de la combler totalement au vu des énormes volumes (les hauteurs des galeries atteignent parfois plus de 10 mètres).

Articles sur le déroulement complet des travaux de consolidations :
"Comblement des carrières sous la RD2" - extrait du Journal Planitre de l'hautil (mars 2008)

Edification d'un coffrage en briques de polystyrène avant injection (photo HCL)
Localisation des 5 zones de travaux.
 

Avant le début des injections proprement dit, l'entreprise à réalisée des puits d'aération dans le ciel de carrière afin d'aérer les galeries. La carrière affichait un taux de C0 (monoxyde de carbone) mortel pour l'homme. Néanmoins ce chantier reste dangereux comme le prouve l'accident ayant eu lieu le 27 avril 2008, lors duquel deux ouvriers ont été grieévement bléssés. L'accident est du au mouvement d'un mur barrage en béton, via la poussée de l'eau située derrière, qui a entrainé la chute d'un échaffaudage où était les ouvriers. (Le chantier a été fermé sous scellé et à repris seulement un mois après):

"Les faits se sont produits mardi 27 mai peu après 16 heures, sur la commune de Triel-sur-Seine, dans les Yvelines. Selon la préfecture de Versailles, contactée par LCI.fr, une carrière s'est effondrée, ensevelissant deux ouvriers. La police de Poissy confirme l'incident, parlant d'un chantier de travaux de voiries en cours dans la montée de l'Hautil. Une galerie se serait effondrée sur les deux hommes. Une quinzaine de voitures de pompiers a aussitôt été mobilisée. La rapidité des secours a permis de sortir vivants les deux hommes. L'un, grièvement blessé, a été conduit sous escorte à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Le second, blessé plus légèrement, a été conduit à l'hôpital de Poissy. Heureusement les pompiers sont intervenu rapidement et les deux hommes s'en sont tirés vivant." (source : LCI.fr)

Article complémentaire :
"Accident au cours des comblement d'une carrière de l'Hautil" magazine des Nouvelles des Deux Rives (4 août 2008)

carriere Fontennelles Berangere Bois-Roger triel-sur-seine
Pelleteuse utilisée sur le chantier pour remanier le remblai. (photo HCL)
Rupture de l'angle d'un pilier.
 

Il reste de nombreuses traces de l'exploitation du gypse :

- Des portions de rails Decauville dans des galeries de roulage, ainsi que des wagonnets basculeurs. Des quais dechargement correspondant à une ancienne gare sont également visibles.

- Un reste, assez rare, d'une ancienne écurie avec les auges à foin datant de l'époque de la traction animale.

- De nombreuses "consolidations à l'anglaise'' réalisées par des maçons italiens pendant les périodes creuses.

- Un système de notation des piliers et peu être des calculs de commandes de pierres !

Vestiges d'une ancienne gare souterraine avec ces quais et ces rails (photo HCL)
chassie de wagonnet sur une voie étroite (photo HCL)

 

 

Leur rôle d'abris de défense passive :

En 1942 fut constitué à Triel un service de défense passive dont la direction fut confiée à un ancien officier d'artillerie; M. André Grelbin. Ce service était constitué de plusieurs sections spécialisées dont un groupe s'occupant des carrières. Suite aux visites des différentes carrières de la commune, il fut décidé que la carrière de "la Bérangère" servirait d'abris de défense passive. Elle fut équipée de l'électricité, d'un service de garde, de toilettes. Dans toute la ville, une affichette fut apposée afin d'informer la population de cette décision et du comportement à suivre en cas de bombardement :

"En prévision des dangers provenant des événements de guerre, une carrière a été aménagée pour servir éventuellement de refuge à la population de Triel. Cet abri offre une sécurité supérieure à toutes les caves ou tranchées utilisées actuellement. L'accès en sera autorisé si des bombardements prolongés peuvent atteindre l'agglomération et vous en serez avisé par la sonnerie du tocsin." (extrait de l'affichette de l'époque)

Affiche complète au format PDF ici

Inscription d'orientation présente dans l'abri de la Bérangère (photo HCL)
Haut de l'affichette placée dans les rues de Triel-sur-Seine en 1944
 

Le 25 août 1944, des bombardements alliés important sur Triel, qui était occupée par les allemands, obligèrent les habitants à se réfugier dans la carrière. Le Samedi 26 août au soir, les allemands exigèrent que la ville de Triel soit évacuée des ces civils. Le maire, M. Rodier, assisté du docteur Bouvet, qui maitrisais la langue allemande, réussirent à négocier que l'ensemble de la population puisse se réfugier dans la carrière de la Bérangère. Ils réussirent également à obtenir que l'état major allié ne bombarde pas pendant l'évacuation.

C'est au total, environ 4000 personnes qui trouvèrent refuge dans la carrière. M. Grelbin imposa une discipline très stricte lors de cette vie communautaire souterraine. Deux naissances, assistées par la sage-femme Mme Delporte, eurent lieu lors de ces quelques jours sous terre :

"Naissance de Chantal-Danielle CIZA, le 29 août 44 à 5 heure du matin"

"Naissance de Jean-François BLONDY, le 30 août 44 à 15 heure."

Les américains se présentèrent à l'entrée de la Bérangère le 29 août au matin pour signaler que Triel est libérée militairement des allemands. Néanmoins, par soucis de sécurité, la population trielloise resta encore 24 heures dans la carrière avant de rejoindre le village. Le 30 août au soir, après 4 jours dans la carrière, les civils rejoignent leurs foyers.

 

Pont de bateaux, au niveau de Triel, installé par le génie militaire allemand en juillet 44. (coll. D. Biget)
Char allemand ayant fait une fausse manœuvre dans la boucherie Gandoin de Triel, en 1944. (coll. D. Biget)
 

De cette occupation ponctuelle, il reste d'innombrables graffitis laissés par la population. Ils ont été tracés à l'aide de charbon ou à la flamme de bougie. La majorité des dessins représentent des avions symbolisant les bombardements que la population fuyait. On trouve également de nombreuses autres sources d'inspiration représentant le plus souvent des éléments liés au quotidien de la guerre; médailles de guerre, navire de guerre ...etc.

Avion signé L. blanc
Voltige aérienne
Divers modèles d'avions
Paquebot
Vélo dont une partie a disparue avec un effondrement
Poule pondant ces œufs !
Quelques personnalités
Carte de France
Médailles de guerre et laurier
 
Deux zones, situées à proximité de l'entrée, servirent réellement d'abris comme le prouve les dessins et les indications de directions (sortie, WC). L'une de ces deux zones correspond en fait à la carrière des "Fontenelles" qui est reliée à la "Bérangère" par une galerie de communication creusée dans la masse.
Indication située à l'extrémité de la connexion
Indication de circulation dans la zone d'abri (photo HCL)

 

 

Histoire et géologie du Massif de l'Hautil :

Pour en savoir plus sur le massif de l'hautil vous pouvez suivre le lien suivant : MASSIF de l'HAUTIL