Carrière Hennocque Carrière de Calcaire - surface d'environ 35 hectares |
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Le
Diaporama |
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Origine du nom : La carrière Hennocque tire son nom de la famille Hennocque qui exploita la carrière pendant trois générations via leur entreprise familiale Aubin-Hennocque. Le réseau actuel inclut également la carrière de la "Louisette" qui était exploitée par l'entreprise Bélier. |
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La carrière souterraine Hennocque, située sur la commune de Méry-sur-Oise fut occupée par l’armée allemande au cours de la Seconde Guerre mondiale. L’objectif était d’aménager une partie de la carrière en base de stockage de fusées A4-V2. De nos jours, les traces de cette occupation sont toujours visibles. Le projet de fusée A4-V2 : Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande developpa une fusée à longue portée nommée A4. Les travaux, qui eurent lieu dans la base de "Peenemünde", se déroulèrent sur plus de 10 années (1930 à 1942). Le premier essai de vol concluant eut lieu le 30 octobre 1942. La fusée A4 est de très grande taille puisque sa longueur est de 14,5 m, pour 1,80 m de diamètre et un poids total de 14 tonnes, dont 910 Kg d’explosif. Le moteur est subdivisé en deux compartiments contenant respectivement de l’O2 liquide et un mélange d’alcool et d’eau. Cette fusée avait une portée de 300 km, pour une précision de 8 km. |
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Fusée
V2 sur une remorque de transport (v2rocket.com) |
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Plan
de la fusée A4 |
Fusées
V2 prêtes à décoller sur une aire de lancement
( v2rocket.com) |
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Atelier de montage d'une fusée V2 par des prisonniers (Walter Frentz) |
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Le repérage de la carrière Hennocque : La commune de Méry-sur-Oise fut directement intégrée dans le programme des V2. L’objectif était d’y construire une base de stockage de V2 (dans la carrière souterraine de la famille Hennocque), mais le site ne fut jamais achevé comme en témoigne les vestiges visibles en carrière. L’histoire
de ce site remonte bien avant 1942, date à laquelle le programme
de construction de bases souterraines de V2 débuta. Monsieur
Peton, dont les ancêtres sont carriers de père en fils
depuis trois générations dans la carrière Hennocque,
m’a rapporté que son père vit un jour de l’année
1938 débarquer des allemands en civil à la carrière
Hennocque. Ils se présentèrent comme des industriels
venant observer les techniques d’exploitation des pierres
en France. Les ouvriers interprétèrent cette visite
bien plus tard, comme étant un moyen pour la « 5ème
colonne » de faire des repérages de sites souterrains
potentiels.
En décembre 1942, le site de la carrière Hennocque fut retenu pour servir de site de stockage des V2, ou encore appelée "Zwichenlager", car il présentait plusieurs avantages :
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Les travaux d'aménagements de la base souterraine de Méry : Les allemands occupèrent rapidement Méry-sur-Oise. Quand ils décidèrent d’entamer la construction de la base de stockage, l’entreprise Aubin-Hennocque qui y extrayait la pierre de taille pour la construction, fut expropriée. L’armée recruta de force des travailleurs parmi les gens du village. Ils embauchèrent en priorité des carriers qui étaient nombreux dans ce bourg qui comptait pas moins de 5 carrières. A nouveau M. Peuton me rapporte que son grand frère, lui même carrier, fut désigné d’office. Ce dernier refusa et fut déporté dans un camp de travail. Quand au père de M. Peton, également carrier, il se retrouva sans emploi et fit passeur sur l’Oise car les allemands avaient détruit le pont de Méry-sur-Oise. - Mise en place du courant électrique : Une des premières choses que firent les allemands, fut d’installer le courant dans la carrière. Le colonel von Borries rapportant ses reconnaissances, datant du 01/02/1944 confirme la présence du courant à Méry en écrivant "Les accumulateurs sont prêts et déjà fonctionnels". En effet, le courant était nécessaire, au delà du confort visuel, pour faire fonctionner les outils qui allaient servir à creuser la base. Comme en témoigne les nombreux vestiges, l’installation électrique était bien en place.
Remarque : Après la libération M. Hennocque repris l’exploitation de la carrière et bénéficiât des installations électriques laissées par les allemands. Il put notamment mécaniser l’extraction de la pierre. Les carriers appelaient ce courant haute tension « la force ». |
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Salle
du générateur électrique avec les supports
au sol |
Niche
en ciment qui accueillait un interrupteur. |
Isolateurs
en porcelaine à proximité d'un puits. |
L'unique
lampe datant de l'époque allemande. |
- Les systèmes de protection de la base de V2 souterraine :
Pendant toute la période d’occupation allemande du
site, la carrière fut interdite d’accès aux
civils et notamment aux habitants de Méry. Elle fut également
sécurisée.
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Tobrouk
situé en haut des entrées. |
tobrouk
situé au dessus du raccordement à la voir ferrée. |
Soldat allemand avec mitrailleuse légère type MG |
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Plan
d'un tobrouk Boform 58c |
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Blockhaus
au dessus d'un puits d'aération. |
"Fourreau
de Mine" utilisable pour faire exploser l'entrée |
- Le tunnel ou la "gare souterraine" pour V2: La partie la plus impressionnante de cette base souterraine est formée par un long et gigantesque tunnel. Ce tunnel était prévu pour réceptionner les V2 arrivant sur des trains, d’où le terme de "gare souterraine" utilisé par les habitants de Méry. Le tunnel était raccordé à la ligne de train Ermont-Valmondois via une pente douce située à proximité du Viaduc. Les allemands ont creusé ce tunnel à l’aide de haveuses rapportées d’Allemagne. Ces machines sont des tronçonneuses à pierres, fonctionnant avec le courant électrique. Au vu de la découpe anguleuse de la roche, les allemands utilisèrent sans doute également des explosifs. Pour obtenir une hauteur suffisante, ils décaissèrent vers le bas les galeries souterraines. Ils n’avaient pas la possibilité de creuser vers le haut sans risque d’effondrements, car le ciel de carrière est la couche de calcaire la plus dure avant la surface. Lors de l’occupation allemande, plusieurs témoins ont dit avoir vu une locomotive reculer en marche arrière, à l’entrée du tunnel. De plus, des restes de rails sont visibles à l’extérieur. Sans doute que ce train servait à évacuer les déchets du creusage. Ce tunnel mesure environ 1,5 km de long, pour 6 m de haut et 10 m de large. Il est entièrement constitué de béton armé. Il est bordé par deux quais de 1,50 accessibles par des petites échelles et des escaliers. Par contre, on voit nettement qu’à plusieurs endroits situés à la base du tunnel, le coffrage béton n’est pas terminé et la roche affleure sans être totalement taillée. A d’autres endroits, l’armature métallique dépasse dans l’attente de béton qui n’a jamais été posé. |
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Plan
de l'organisation de la "gare souterraine" pour V2.
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Vue
générale du tunnel avec le quai de débarquement
N°2 |
Galerie
parallèle renforcée d'arches en béton |
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L’entrée
du tunnel est fermée par une porte blindée
provisoire. Derrière, a été construit
un support pour une porte coulissante en béton,
qui n’a jamais été coulée. Ce type de
porte doit être coulé sur place. Elle est suspendue
par des roulettes coulissant sur un rail situé au dessus
de la porte. Ce mécanisme inachevé est bien visible.
Lorsque la porte est fermée, deux couloirs piétons
(qui sont terminés à Méry) permettent de contourner
l’ouvrage. Ce type de porte est prévu pour arrêter
les attaques lourdes. Enfin, au dessus de cette porte inachevée
se trouve une meurtrière prévue
pour qu’un tireur protége l’entrée. |
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Tunnel
conduisant à la porte blindée |
Meurtrière
surveillant l'entrée |
Passage
piéton au niveau de la future porte béton |
Porte
blindée du tunnel à droite, et entrée camions
à gauche |
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On peut donc affirmer que ce site de stockage de V2 n’a jamais été terminé et n’a jamais été fonctionnel. Un courrier de la Wehrmacht, datant du 5 juillet 1944 et résumant les conclusions d’une réunion qui s’était tenue le même jour, vient corroborer ces observations de terrain. On y apprend que "Méry et Savonnières sont à terminer (11000 mètres cubes de béton sont nécessaires)". De ce fait, il est bien difficile de savoir exactement comment aurait du fonctionner ce tunnel souterrain. Sans les plans d’époques, on ne peut qu’émettre des hypothèses. Le plus probable est que les V2 arrivant par le train auraient été évacués par les couloirs perpendiculaires. Pour faciliter la manutention ces couloirs sont courbes. De plus, des fixations, d’un rail de manutention inachevé sont visibles au plafond du tunnel. Par contre, la méthode de stockage des V2 reste un mystère ! Le tunnel parallèle est de taille trop petite pour les stocker et leur circulation dans la carrière ne serait pas chose facile, au vu des aménagements existants. L’autre hypothèse serait que les V2, n’étaient en fait que des pièces de rechange pour V2, et non des V2 complets. Cette hypothèse s’appuie sur le rapport du 01/02/1944 cité plus haut. Il est précisé que "Des stocks de pièces (de A4) seront établis dans les camps de Méry sur Oise et de Savonnières…" |
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Extrait
de la lettre contenant le rapport du colonel Von Borries du 01/02/44
(Document fournit par Jeff 95) |
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Remarque : Le tunnel est muni de bouches d’aération situées à espaces réguliers dans le haut des parois. Elles étaient fermées par des grilles standard de type 491P2, dont certains restes sont visibles. | |
V2 sur un chariot dans une base souterraine en Allemagne ( v2rocket.com) |
Stockage
de moteurs dans une base souterraine du nord de la France ( v2rocket) |
Transport
de V2 par train qui sont chargées via un pont-roulant. (
v2rocket.com)
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- Le quartier général souterrain et la circulation des soldats : Signalons enfin la présence d’un quartier général enfoui bien plus loin dans la carrière Hennocque. On y trouve une zone entièrement isolée du reste de la carrière via des murs maçonnés. Au vu des nombreuses cloisons, elle devait abriter des bureaux. Le sol est recouvert d’une dalle de béton et anciennement carrelé. Les lieux étaient équipés en électricité fournie par un générateur, dont il ne reste que les supports. La ventilation avait une prise d’air via un puits à même la masse et busé en béton par les allemands. Cet emplacement était stratégique, car en cas de bombardement du puits, la masse calcaire aurait absorbée la déflagration. Par ce puits descend une conduite en briquettes qui apportait l’air, reprise par un ventilateur dont il reste les supports béton au sol. |
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Zone
cloisonnée avec le sol béton |
Zone
cloisonnée et bétonnée. |
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Les
soldats de cette base disposaient de deux sorties de
secours piétons. La première correspond
à une pente douce qui servait à sortir
des blocs via des wagonnets placés sur des rails et treuillés.
Les allemands avaient prévus de fermer l’entrée
de la même façon que celle vue précédament.
Actuellement, cette sortie a été remblayée
par de la terre. En parallèle, un petit tunnel bétonné
a été réalisé pour créer une
deuxième sortie piéton débouchant sur le chemin
du Montubois. |
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Ancienne
sortie piéton qui correspondait au haut de la pente douce. |
Sortie
piéton côté Montubois. |
Afin de circuler en véhicule entre le tunnel et ce quartier général, les allemands ont coupé les angles de nombreux piliers tournés. En étudiant la cartographie de la carrière ont aperçoit nettement que :
Ces véhicules, dont des camions, pouvaient sortir de la carrière par un cavage spécifique, situé près de l’entrée du tunnel. Il est également fermé par une porte blindée provisoire, derrière laquelle se trouve une porte coulissante en béton dont les travaux sont moins avancés que celle du tunnel. La glissière de la future porte a été fermée avec des tuiles provisoires. On débouche dans une galerie renforcée par un coffrage en béton de quelques mètres, puis par des arches. Richard Hennocque réutilisa cette entrée après guerre, pour sortir les pierres de sa carrière. |
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Portion
de carrière où les découpes des piliers permettent
de faire un demi-tour |
Entrée
camion avec la porte blindée inachevée |
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Les bombardements de Méry et la libération : Suite au débarquement les alliers vont organiser des séries de frappes aériennes sur tout le territoire français. Des attaques aériennes vont ralentir, puis empêcher la finalisation de la base souterraine de stockage de V2 de Méry. Les archives de l’armée signalent trois bombardements aériens sur Méry-sur-Oise.
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Photo
de la mission du bombardement de Méry |
Bombardiers
B17 |
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Sur
le terrain, on peut voir nettement la trace de l’impact
d’une bombe, qui a touché avec une grande
précision la sortie piéton donnant dans le Montubois.
Depuis l’intérieur de la carrière, on voit nettement
que les poutrelles métalliques renforçant le plafond
de l’entrée ont absorbé l’impact d’une
bombe. A l’extérieur il se trouve le cratère
d’impact sur le sol forestier. |
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L'impact
de bombe vue de l'intérieur de la sortie piéton |
L'impact
de bombe visible au dessus de l'entrée piéton |
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A
la libération, des américains auraient été
parachutés lors du débarquement mais il n’y
aurait pas eu de combat ! Les FFI avaient peut
être déjà fait place nette !! Les américains
auraient déminé la carrière à la fin
de la guerre. A l’opposé, d’autres sources disent
qu’il y aurait eu des combats violents pour ouvrir la porte
blindée, ce qui a donné à la carrière
le surnom de "Porte de l’enfer".
On peut effectivement apercevoir, sur certains piliers du tunnel,
des impacts de balles tirées en rafales. Il faut signaler
également la présence, pendant un certain nombre d’années,
d’une grenade non dégoupillée. |
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Impacts
des rafales de balles sur les piliers du tunnel principal |
Grenade
qui daterait des combats de la libération ! (photo Dragon
buveur) |
Ces |