Les Brasseries Parisiennes souterraines

Caves carrières dans les vides souterrains de Paris - GRS

 
Le Diaporama
carrière brasserie dumesnil

 

A Paris, il y aurait eu jusqu'à une trentaine de brasseries souterraines, installées au XVIIIe et XIXe siècles, principalement dans carrières souterraines du 13e et 14e arrondissements. Ces aménagements souterrains sont la réponse à des taxes, au prorata de la surface, toujours plus importantes sur les infrastructures de surface. Les carrières à piliers tournés étaient particulièrement recherchées pour leurs volumes. Les carrières possèdent également une atmosphère fraiche et humide idéale pour l'élaboration de la bière. Alors qu'au jour où l'urbanisme a fait disparaitre toute trace, des vestiges de ces brasseries subsistent sous terre

 

La Brasserie Dumesnil rue Dareau :

L'histoire de la bière Dumesnil est celle d'une entreprise familiale de brasseurs qui se perpétua sur plusieurs générations. Elle occupa les carrières souterraines de la rue Dareau pendant plusieurs années.

En 1840, Georges Dumesnil qui est alors clerc de notaire, décide de racheter la brasserie du "marché aux chevaux" qui était située dans le 13ème arrondissement de Paris, rue Duméril. Cette brasserie tire son nom du célèbre marché aux chevaux qui se tenait deux rues plus loin. Aujourd'hui, les restes de la partie couverte de ce marché sont toujours visibles et l'on peut apercevoir une tête de cheval dans un écusson. Cette tête de cheval servait de "logo" à "la brasserie du marché aux chevaux" et va être conservée pour la bière Dumesnil. En 1872, Georges Dumesnil s'associe à Pasteur pour mettre au point le premier processus de bières stérilisées.

Portrait de Georges Dumesnil (archive Bolar)
 

carrière brasserie dumesnil marché aux chevaux

carrière brasserie dumesnil
Brasserie du marché aux chevaux. (archives Bolar)
La tête de cheval ayant servi de base pour le logo de la bière Dumesnil.

 

En 1877, la brasserie Dumesnil est reprise par ses deux fils qui vont porter la production de bière à 20.000 hectolitres/an. Le manque de place les obligent à s'installer en 1880 dans une brasserie plus grande, rue Dareau, où toute la production est rapidement centralisée. Afin d'éviter des charges trop importantes (aux prorata de la surface des bâtiments), ils décident en 1880 d'aménager les vides de carrière situés au-dessous. Il s’agit de carrières à piliers tournés datant du XVe siècle et organisée sur deux niveaux dont le premier servait à fermentation (profondeur de -13m) et le second à la conservation (profondeur de -19m).

carrière brasserie dumesnil

Portaits des fils Dumesnil (archive Bolar)
Niveau 0, au niveau rue, de la Brasserie Dumesnil rue Dareau (Coll. IGC)

 

carrière brasserie dumesnil

carrière brasserie dumesnil

Premier niveau souterrain de la brasserie Dusmenil rue Dareau (Coll. IGC)
Premier niveau souterrain de la brasserie Dumesnil rue Dareau (Coll. IGC)
 

De nombreuses modifications sont apportées à ces carrières afin de les transformer en une véritable usine souterraine :

- Elles sont consolidées par des piliers carrés, des voûtes en meulière et ciment, des contreforts en maçonnerie pour renforcer les piliers restants de la masse. Les sols furent bétonnés ou carrelés et recouverts d'un enduit plastique.

- Les deux niveaux sont reliés entre eux et à la surface par des escaliers en colimaçon munis d'une rampe en métal. D'autre part, un grand puit de service agrémenté d’un monte-charge à vapeur qui permettait de descendre les fûts et autres. L'électricité est également installé.

- On entrepose aussi des fûts de bière. Par la suite, on construisit de nombreuses cuves en béton sur mesure, de plusieurs centaines d' hectolitres chacune, pour la fermentation et la garde de la bière. L'intérieur était enduit de cire pour éviter le dépôt de tartre. Les murs étaient chaulés pour éviter le développement de moisissures.

- L'eau nécessaire à la fabrication de la bière provenait de l'eau de la Vanne. L'eau de lavage du matériel était captée via un puits artésien de 95m, foré dans une nappe phréatique supérieure située dans la craie. Enfin, on y stockait de la glace, ramassée l'hiver dans les étangs de Gentilly, utilisée l'été pour conserver la bière de garde.
En 1909, leurs fils et leur gendre reprennent l'affaire. La brasserie compte alors 200 employés pour une production de 60.000 hectolitres/an. Cette zone souterraine fut abandonnée au courant des années 60. De nombreux vestiges sont encore visibles en carrière, malheureusement la construction d'une résidence en surface (résidence du méridien) a fait disparaitre le premier niveau souterrain sous les injections. Le second niveau a été également fortement endommagé.
carrière brasserie dumesnil Dareau

carrière brasserie dumesnil Dareau

Cuves en béton équipées de thermomètres extérieurs et de tableaux noir destinés au suivi individuel de chaque cuve numétotée.
Les renforts qui furent utilisés sont très divers. On peut voir ici des poutrelles métalliques et une arche en meulière chaulée.
 

carrière brasserie dumesnil Dareau

Gros puits de service qui était équipé d'un monte-chagre à vapeur.
Intérieur d'une cuve dont on distingue encore la couche de cire luisante.
 

Cependant, l'arrivée de nouveaux brasseurs très compétitifs les obligent à augmenter encore leur production, qui passe à 500.000 hectolitres/an, et la brasserie rue Dareau devient à son tour trop petite. Ils décident donc de créer un deuxième site de production en s'associant, en 1956, avec la brasserie Richard située à la cave-carrière d'Ivry-sur-Seine.

VOIR LE DOSSIER BRASSERIE DUMESNIL d'IVRY.

 

 

Brasseries de la Voie Verte :

Au niveau de la rue de la "Voie Verte" (actuelle rue du père-Corentin) et de la rue Sarette existaient plusieurs brasseries dont les plus grandes furent :

La brasserie de la grande Gallia :

La petite brasserie Gallia, dont l'emblême était un coq, était installée entre du 12 au 22 rue de la Voie Verte, dans le 14e arrondissement. Elle fut rachetée en 1890, par l'alsacien J.J. Wolhüter, qui la renomme Grande Brasserie de la Nouvelle Gallia. Le site s'agrandit et s'étend de l’autre coté de la rue, du numé 11 à 15 ainsi qu’au 21 rue Sarrette. Menacée par la concurrence et par la concentration des brasseries, le 1er janvier 1963, la Nouvelle Gallia est intégrée à l’Union des Brasseries parisiennes. En 1965, l’on assiste à une nouvelle fusion, cette fois avec les Bières 33. Fin 1968, la société, qui compte alors 134 salariés, décide de vendre le site de la rue Sarrette lors d'une opération immobilière aboutissant à la construction de la "résidence Gallia". Cette cité comporte 280 logements et ce situe du 7 au 21 de la rue Sarrette ainsi que du numéro 6 à 20 de la rue du Père Corentin.

acarrière grande brasserie nouvelle Gallia rue sarette
Basserie Gallia , rue Sarette
Immeuble de la société de la brasserie Gallia entre Sarette et Alésia
 
acarrière grande brasserie nouvelle Gallia rue sarette
carrière grande brasserie nouvelle Gallia rue sarette
Papier à entête de la Grande Brasserie Nouvelle Gallia
Papier à entête de la Grande Brasserie Nouvelle Gallia (doc didier93)
 
En carrière, la partie souterraine fut épargnée. Elle fut investie par les cataphiles au début des années 80 et fut surnommé le "Cellier". On y observe toujours les piliers tournés originels, de magnifiques arches de confortations en pierres de tailles, des piliers carrés maçonnés et de nombreux piliers béton numérotés à chapiteaux.
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acarrière grande brasserie nouvelle Gallia rue sarette
carrière grande brasserie nouvelle Gallia rue sarette
Piliers béton de la brasserie Gallia lors de sont ouverture en 1980 (photo S. Hudlet)
Pilier béton actuel de la brasserie Gallia, surnommée le "Cellier"
 
acarrière grande brasserie nouvelle Gallia rue sarette
carrière grande brasserie nouvelle Gallia rue sarette
Vieux pilier et arche en pierres de taille, datant des premières consolidations
Gros piliers en pierres de tailles et poutrelles métalliques de la brasserie Gallia
 
Lors de son ouverture, il restait quelques bouteilles d'origine qui ont aujourd'hui disparu. La grande brasserie nouvelle Gallia produisit de nombreuses bières différentes: Gallia, Nouvelle Gallia, Bock Gallia, N.G.Pilsenia, Graff, Graff Pils, Graff Bréu, Super Graff, Helden Pils, Helden Pils Best, Helden Best, Helden Brune Spéciale Best, La Perle, Prinzbrau. De plus la récupération du CO2, lié à la fermentation de la bière, était réutilise pour faire de la limonade et du soda.
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Publicité pour la bière Gallia (Doc. Didier 93)
Suite publicité pour la bière Gallia (Doc. Didier 93)
 
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Bouteilles et Capsules de la brasserie Gallia (Doc. Didier 93)
Le coq, emblême de la brasserie Gallia (Doc. Didier 93)
 

La brasserie de l'Espérance :

La brasserie de l'Espérance était présente dans les carrières au niveau de deux sites: au 15-19 rue de la Voie Verte et au 112-116 rue de la Tombe-Issoire. Elle deviendra par la suite la brasserie Filley, puis la Brasserie Luxor. Aujourd'hui, il subsiste uniquement la partie située au niveau de la Voie Verte, qui est surnommée "la Plage". Au milieu des fresques cataphiles, on peut observer de nombreux piliers de consolidations maçonnés, les supports électriques en porcelaine. Certaines portions de murs gardent encore leur revêtement originel constitué dans la partie basse de peinture plastique noire et de chaux dans la partie haute.

carrière brasserie luxor espérance GRS

carrière brasserie espérance filley GRS
Epoque de la brasserie de Luxor. (doc. B. Wulveryck )
Etiquettes de bières à l'époque de la brasserie Filley. (doc. B. Wulveryck )
 

carrière brasserie espérance GRS

carrière brasserie espérance GRS
Ancien pilier et supports électriques de la brasserie de l'Espérance.
Pilier de renfort de l'Espérance surnommée "la Plage"