Distribution de l'eau en ville et fontaines publics

L'eau, de la maison du fontainier, servait à alimenter à partir de 1628, 12 fontaines publiques rive gauche, puis 2 fontaines rive droite. La mise en place des fontaines nécessita 4 ans de travaux qui furent entrepris après l'arrivée de l'eau a Paris. Les Parisiens durent donc attendre 4 ans de plus pour pouvoir profiter de l'aqueduc qu'ils avaient financé par l'octroi sur les vins entrant dans Paris.

Départ des eaux:

Des 3 bassins du sous-sol de la maison du fontainier, partaient trois tuyaux en plomb, de diamètres différents, posés dans une galerie voûtée (de 1,30m de largeur par 1,95m de hauteur) munie de deux banquettes de circulation. Les galeries qui contenaient ces tuyaux sont aujourd'hui extrêmement fragmentées, remblayées et il est impossible de les suivre sous terre ! La partie au départ de la maison du fontainier a été transformée en égout et seule la voûte est visible.

aqueduc medicis egout cunette
maison fonatainier bassin

Portion d'aqueduc transformée en égout

Plan des trois bassins situés en sous -sol et départ des tuyaux de plomb ("Les Ouvrages souterrains de Paris" de Belgrand)-

 

 

Distribution des eaux via les fontaines:

La répartition des eaux était réalisée grâce aux trois canalisations. Le réseau de distribution de l'époque est connu grâce au plan de l'abbé Delagrive datant de 1735. Divers travaux dans Paris ont mis à jour des portions de ces galeries permettant de valider leur trajet. Les fontaines desservies à l'époque ont pour la plupart disparu.

Les trois canalisations étaient groupées (suivant la rue d'enfer) jusqu'au regard de "la demi-lune". Ensuite elles partaient dans des directions différentes pour alimenter les différentes fontaines :

"La conduite de l'entrepreneur" (31% de l'eau) bifurquait vers l'est pour desservir 4 fontaines :
aqueduc medicis fontaines paris
D'aprés la Carte de l'abbé Delagrive en 1735

- la fontaine des Carmélites (13)
- la fontaine du Pot-de-Fer (14)
- la fontaine de Censier
- la fontaine Sainte-Victoire (15)
(on peut signaler 2 regards sur le trajets)

 

"La conduite de la ville" (28% de l'eau) continue vers le nord jusqu'a la porte Saint Michel où se trouvait un réservoir et la fontaine Saint Michel. Ensuite la canalisation alimentait 7 fontaines:

- la fontaine de Garencière (6)
- la fontaine de Saint-Benoît (8)
- la fontaine de Sainte-Geneviève (11)
- la fontaine Saint-Come (7)
- la fontaine des cordelliers (5)
- la fontaine de l'Abbaïe (4)
- la fontaine de la Charité (3)

 

"La conduite du Roi" (41% de l'eau) continue vers le nord en direction du Palais Royal via le Pont-Neuf. Elle desservais :

- la fontaine Médicis - Palais du Luxembourg (3)
- la fontaine de la Croix du Thrahoir (2)
- le château d'eau du Palais royal (1)

 

fontaine paris
gravure louvre
Ancien regard de la Fontaine de la Croix de Thrahoir
Façade et plan du château d'eau du Palais Royal construit en 1719 par Robert de Cotte et détruit par un incendie en 1853.

 

 

Evolution de la distribution:

La répartition des eaux dans la ville changea avec les époques et les pouvoirs en place.

De 1623 à 1630 : sous le règne de Marie de Médicis, l'eau fut surtout orientée vers le palais du Luxembourg pour les jeux d'eau du jardin et la fontaine Médicis. Cela fut de courte durée puisque son fils, Louis XIII, la condamna à l'exil en 1630.

De 1643 à 1860 : A la mort de Louis XIII (en 1643), la régente, Anne d'Autriche et son fils Louis XIV s'installèrent au "Palais-royal" contribuant à faire passer les eaux de l'aqueduc de l'autre côté de la Seine (rive droite). Les eaux franchissaient la seine via le Pont-Neuf et finissaient leur route dans le château d'eau du Palais-royal. Cela permis d'installer 2 fontaines publiques rive droite.

En 1860 : Belgrand entre au service de la ville de Paris le 1er janvier 1856 et va profondément le moderniser. A cette époque, le réseau de distribution de l'eau est en pleine évolution. Un réservoir est crée au Panthéon afin de desservir la ville par gravité. Ce réservoir, à l'altitude 66,2 m, est alimenté par des pompes qui puisent l'eau en Seine. Pour pouvoir y ajouter l'eau de l'aqueduc Médicis qui arrive à Paris à l'altitude 57,4 m, Belgrand la met en conduite forcée au niveau du regard X. A la traversée du boulevard Jourdan, la conduite quitte l'ancienne galerie voûtée, qui est alors désaffectée pour rejoindre plus directement le Panthéon (Cela a permis son morcellement au gré des projets d'urbanisme).

En 1874 : L'entrée en service de l'aqueduc de la Vanne rend négligeable la quantité d'eau amenée par l'aqueduc Médicis. Elle a atteint le 1er septembre 1859 un minimum de 240 m3 par jour, en pleine période de sécheresse. Le débit moyen était de 960 m3 par jour Ce qui est donc infime par rapport aux 20 000 m3 quotidien de la Vanne. L'eau d'Arcueil rejoint alors sa destination première : les fontaines du Luxembourg et de l'avenue de l'observatoire.

En 1904 : Apres avoir été déversée un temps dans les égouts, l'eau de l'aqueduc est affectée en juin 1904 au service du parc Monstouris afin de contribuer à l'alimentation du lac Montsouris.

fontaine aqueduc medicis luxembourg

 

 

carte postale parc montsouris
Lac du parc Montsouris


Fontaine Médicis, jardin du Luxembourg