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Les
étapes de la culture du champignon de couche
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La culture des champignons en carrière est très méthodique
et se déroule en " étapes. Le plus long est de préparer
le support de culture, constitué de compost.
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La
préparation du compost et sa stérilisation :
La
préparation du compost se déroule en deux temps. Il est
fabriqué à partir de fumier de cheval et de paille. Le
compost servira de substrat nourricier aux champignons.
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Une 1ère phase de 15 jours, en extérieur :
On
commence la préparation du compost à l'extérieur.
Au départ, les champignonnistes le préparaient à
même la terre. Par la suite, la dalle béton fit son apparition,
et enfin on couvra la zone de compostage.
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Retournement
et arrosage du compost en extérieur |
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Plate-forme
de compostage d'une champignonnière |
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L'objectif
est de permettre au fumier de se décomposer partiellement
par fermentation. Cette réaction permet
de rendre, par la suite, les éléments nutritifs
assimilables par les champignons. Le fait de préparer le
compost sous abris, évite le blocage de la fermentation
via des températures trop froides, notamment en hiver.
La
fermentation est liée à l'activité des
bactéries qui s'y développent. Pour favoriser
leur multiplication on doit leur apporter de l'oxygène,
en brassant le compost avec des fourches (deux retournements),
et de l'humidité en l'arrosant régulièrement.
On obtient alors un compost homogène.
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Une deuxième phase de 15 jours, en carrière :
On
transfère ensuite le compost en carrière, permettant
au passage un troisième brassage. On va le disposer en
"chaîne", c'est à dire en tas large, et
on y ajoute du plâtre. Le transport en carrière se
faisait auparavant avec des chevaux, puis les camions ont pris
le relais.
L'objectif
est de stériliser le compost afin d'éliminer
tous les champignons parasites et autres pathogènes dangereux
pour l'Agaric. Pour celà, on laisse la température
du compost atteindre les 60°C grâce
à la fermentation.
Remarque
: Aujourd'hui la plupart des champignonnistes ne préparent
plus leur compost eux mêmes, mais il est livré par
la coopérative agricole dédiée aux champignonnistes.
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Ensemencement
ou "lardage":
Quand
la température commence à diminuer, on organisait le
compost, soit en meules, soit dans des cagettes, soit dans des sacs,
suivant les époques et les techniques. On va alors profiter
de la température douce de fin de fermentation, environ 20-25°C,
pour ensemencer le compost avec du mycélium
de champignon. Cette action est appelée le "lardage".
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Montage
des meules (carrière des Cinq-Mars) |
Lardage
des meules |
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Le
mycélium est appelé "blanc de semis"
ou "blanc de champignon" ou encore "blanc
vierge". La plupart du temps, le mycélium était
produit par des laboratoires spécialisés (Comme le laboratoire
Semycel à Mesnil-le-Roi). Son conditionnement et donc son aspect
a varié selon les époques :
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Au départ, c'est à dire jusqu'au début
de 20ème siècle, le mycélium était
conditionné déshydraté, sous forme de galette
(50 ou 80g) ou de brique (10 x 8 x 4cm). Elles
étaient livrées dans des paniers d'osiers. Ensuite, on
découpait les galettes en morceaux de la taille d'un pouce, que
l'on appelait "lardon", "mise"
ou "noix", selon les régions. Ces
lardons étaient enfoncés dans les meules. Ils ont donnés
leur nom à cette action d'ensemencement, que l'on appelle le
lardage.
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Brique
de "blanc" de champignon |
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Séchage
des galettes de blanc (Carrière-sur-Seine) |
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Par la , et jusqu'en 1950, les laboratoires envoyaient
le mycélium dans des bouteilles de lait en verre.
Le mycélium s'y développait sur du compost en milieu stérile.
La bouteille était fermée par du coton stérile.
Afin de récupérer le mycélium, les champignonnistes
étaient obligeaient de casser les bouteilles. Celà explique
que l'on retrouve parfois en carrière, des tas de bouteilles
de lait brisées.
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Bouteille
de lait en verre |
Restes
de bouteilles en verre en champignonnière (Méry) |
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- A partir
des années 60, le plastique remplaça
le verre. Le mycélium est alors envoyé dans des petite
bonbonnes plastiques, elles même enfermées dans un sac
plastique stérile. La bonbonne posséde une ouverture
d'aération équipée d'un filtre. Sur la bouteille
est marqué: la marque (le plus souvent "LION"), le
numéro de lot, et une étiquette de couleur indiquant
la variété du champignon (rouge pour la variété
'blonde' et blanc pour la variété "blanche").
Ces bouteilles furent utilisées jusque dans les années
90.
- Actuellement,
le mycélium est livré sur des grains d'orge.
Les coopératives de champignonnistes, les mélangent
dans le compost et envoient la caisse de culture toute prête
aux champignonnistes.
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Bombonnes
en plastique dans lesquelles on recevait le mycélium |
Filtre
situé dans le bouchon et servant à maintenir le milieu stéril |
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Le
mycélium va alors se développer, grâce à
une température constante de 25°C et à une humidité
importante entretenue par arrosage. On arrose le compost et le sol de
la carrière à l'aide d'arrosoirs à pomme. La température
constante et l'humidité élevée des carrières
trouvent tout leur intérêt ici.
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Le
gobetage et la "fructification":
Cette
étape a pour but de forcer les champignons à "fructifier",
c'est à dire à former des carpophores.
Lorsque
le mycélium a recouvert d'un voile blanchâtre tout le compost,
on dépose dessus un mélange de tourbe blonde (10%) et
de pierres calcaire broyées. Ce calcaire broyé,
appelé tuffeau ou "Cron",
était issu des déchets d'exploitation de carrière.
Par la suite, des machines furent créée spécialement
pour faire du cron. Bien que leurs aspects varient selon les époques,
elles sont toutes équipées de marteaux qui réduisent
en poudre les petits morceaux de calcaire que l'on y enfourne.
Cette
poudre est étalée et tassée sous forme d'une couche
uniforme d'environ 2 cm d'épaisseur, c'est le gobetage.
A l'époque des meules, on étalait le cron avec une pelle
en bois spécifique, appelée "taloche",
ou une truelle. Le geste était très technique et certains
ouvriers étaient spécialisés dans ce travail. On
les appelait les "gobeteurs". La couche de
cron va permettre de garder l'humidité du compost.
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Gobetage
réalisé avec une taloche (carrière de Chavenay) |
Dessin
du gobetage |
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Ancienne
machine permettant de préparer le tuffeau (Méry) |
Machine
moderne à tuffeau (Savonnière) |
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